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Fusillade à Marseille : une des victimes avait été remise en liberté fin août

L'une des deux personnes tuées cette nuit sur le Vieux-Port, trafiquant présumé, avait dû être remise en liberté, fin août, dans l'attente de son procès. Elle avait déjà effectué deux ans et demi de détention provisoire.
Article rédigé par Olivier Boy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La fusillade, cette nuit près du Vieux-Port, a fait deux morts © MaxPPP)

Sa libération semble avoir mis le feu aux poudres... Deux personnes ont été tuées cette nuit près du Vieux-Port, à Marseille. L'une des victimes, trafiquant présumé, était en effet en prison jusqu'à l'été dernier mais, comme l'enquête n'aboutissait pas, elle avait été relâchée.

Cet homme de 31 ans est coupçonné depuis des années d'être au coeur du trafic de drogue à Marseille. 17 condamnations, essentiellement pour drogue. Il était mis en examen depuis 2008 pour meurtre - à l'époque déjà un règlement de comptes avec une bande rivale. Il était également poursuivi pour trafic de drogue et détention d'armes. Et surtout il n'avait qu'une obsession : venger son frère, lui-même assassiné dans un règlement de comptes, en 2012.

Les policiers savaient qu'il voulait se venger ; c’est pour ça, entre autres, qu’en 2013 ils l’arrêtent. Lors de son interpellations ils trouvent de la drogue et des armes ; vu son pédigrée, il est placé en détention provisoire. Mais en août dernier, comme l’enquête n’a toujours pas abouti, il est relâché. C’est la règle : au bout de deux ans et demi de détention provisoire, le juge ne peut pas faire autrement.

Deux fusillades auraient-elle pu être évitées ?

Cette libération semble avoir déclenché une guerre des gangs. La guerre que se livrent deux bandes de trafiquants depuis dix ans pour le contrôle du trafic de drogue dans le 13ème arrondissement de Marseille.

Quand cet homme sort de prison en août, l’homme qui a été tué cette nuit a toujours la même obsession : venger son frère. C'est ce qui expliquerait la fusillade de la cité des Lauriers, il y 15 jours, dans la nuit du 24 au 25 octobre - il y avait eu trois morts dont deux adolescents. L’émotion avait été considérable dans le quartier. Et l’attaque de cette nuit serait en fait une réponse à ce règlement de comptes.

D'où ces questions autour de la lenteur de la justice. Cet homme était dangereux, mais au bout de deux ans et demi, il a été relâché. Personne n’accable les juges d’instruction  - les policiers le reconnaissent - mais ils sont effectivement débordés à Marseille.

Reste une lassitude et une conviction, qui s’appuie sur un raissonnement simple : si cet homme n’avait pas été relâché, Marseille se serait-elle évitée en 15 jours deux fusillades en pleine rue, dont une en plein centre-ville, à coté du Vieux-Port ?

Deux fusillades qui ont fait cinq morts et qui ont encore envenimé la guerre que se mène deux gangs de délinquants depuis des années pour le contrôle du trafic de stupéfiants dans le nord de Marseille.

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