Incendies : "L'évolution des feux vers le nord de la France" est jugée préoccupante par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France
L'évolution des feux vers le nord de la France a notamment pour conséquence que les pompiers du nord ne peuvent plus venir renforcer ceux du sud, sans parler de la distribution des moyens nationaux de lutte.
"Ce qui nous préoccupe aujourd'hui, c'est l'évolution des feux vers le nord de la France", s'alarme vendredi 1er juillet sur franceinfo Aurélien Manenc, colonel, représentant de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France et maire de Lunas (Hérault). Pour prévenir les départs de feux l'été, le maire de Langlade (Gard) a adopté un arrêté qui interdit de fumer au volant ou dans certains lieux publics. "L'intérêt de ce type d'arrêté est de faire prendre conscience à nos concitoyens que le risque est bien présent", explique le colonel.
>> Face au risque d'incendie qui augmente en France, quels sont les gestes de prévention ?
franceinfo : Que vous inspire l'arrêté du maire de Langlade ?
Aurélien Manenc : C'est important pour nous, sapeurs-pompiers, de faire prendre conscience aux citoyens de la dangerosité en ce début de saison des incendies qui est un peu plus en avance que d'habitude avec des températures élevées, une sècheresse des végétaux qui est importante et une réserve en eau des sols qui est très réduite en ce début d'été. L'intérêt de ce type d'arrêté est de faire prendre conscience à nos concitoyens que le risque est bien présent parce qu'il faut savoir que 90% des incendies ont une origine humaine. Dans ces 90%, il y en a 70% à 80% qui sont accidentels. Dans l'accident, il y a le mégot. C'est important que nos concitoyens soient conscients qu'en jetant un mégot par la fenêtre, on peut occasionner un important incendie de forêt. Avec des températures supérieures à 30°, une humidité de l'air inférieur à 30%, on peut avoir un départ de feu avec une étincelle simple.
"Ça peut être aussi des travaux agricoles, des débroussailleuses qui peuvent occasionner un départ de feu ou un barbecue, un feu d'artifice, une lanterne ou un flambeau."
Aurélien Manenc, colonel, représentant de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de Franceà franceinfo
La prévention suffit-elle pour diminuer le risque d'incendie ?
C'est un combat permanent. Expliquer et réexpliquer encore. On constate aussi cette année que les feux ont tendance à se déplacer vers le nord de la France, ce qui oblige tous nos concitoyens de l'ensemble du territoire national à prendre conscience de ce risque-là. Ces mesures d'éducation et de prévention sont essentielles. Tout comme le débroussaillement, qui permet également d'éviter de mobiliser des moyens auprès des populations qui sont menacés par les incendies.
Les incendies sont de plus en plus précoces ?
On a aujourd'hui des conditions météo et le stress hydrique des végétaux que l'on a habituellement aux alentours de mi-juillet, fin-juillet. C'est dû aux fortes chaleurs qui ont eu lieu au début du mois de juin. Et puis, on constate que ça s'installe un peu. On prévoit une saison beaucoup plus longue, qui a déjà débuté avec notamment un incendie important dans les Pyrénées-Orientales. Cela va perdurer jusqu'en septembre-octobre. Ça fait quatre mois de mobilisation importante. C'est important que chacun fasse attention à ses comportements.
Les incendies ont-ils évolué ?
Depuis plusieurs années, on est confronté au phénomène de mégafeux quand les conditions météo sont réunies. Des feux très denses qui vont aussi très vite, parfois jusqu'à 10 km/h. On comprend facilement que quand on court derrière avec un camion pour essayer d'éteindre le front de feu quand cela avance à 10 km/h, on est rapidement en difficulté.
Vous avez assez de moyens pour faire face à ces incendies ?
L'ensemble des départements de la côte méditerranéenne et maintenant de l'ensemble de la France s'équipe en moyens matériels nécessaires. Ce qui nous préoccupe aujourd'hui, c'est l'évolution des feux vers le nord de la France, le fait que les pompiers du nord qui venaient renforcer les pompiers du sud ne pourront plus le faire, et puis aussi, une redistribution dans la gestion des moyens nationaux de lutte. Les avions qui aujourd'hui sont appelés en plus de la frange méditerranéenne et de la Corse à intervenir dans le cœur de la France et voir dans le nord.
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