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"On peut difficilement faire plus avec les outils qu'on a" : un an après l'incendie à Courchevel, les conditions de logement des saisonniers n'ont pas beaucoup changé

L'incendie dans un ancien hôtel, qui hébergeait des saisonniers, avait fait deux morts, le 20 janvier 2019.

Article rédigé par Damien Triomphe - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'office de tourisme de Courchevel (illustration). (CHRISTOPHE VAN VEEN / RADIO FRANCE)

Dans la station de ski de Courchevel (Savoie), les saisonniers ne sont pas nombreux à accepter de témoigner de leurs conditions de vie. Ceux qui veulent bien parler affirment qu'ils sont logés correctement, mais ils ont quand même tous quelque chose à dire sur le sujet : "Ce n'est pas très luxueux, c'est étroit", confie une jeune employée.

Une marche blanche est organisée dimanche 19 janvier, un an après l'incendie meurtrier dans un bâtiment qui hébergeait des saisonniers. Deux personnes étaient mortes, une vingtaine d'autres blessées. Un suspect est mis en examen, l'enquête devra se pencher également sur d'éventuelles négligences, dans un secteur où les conditions d'hébergement des saisonniers sont régulièrement pointées du doigt.

"Pour une personne, en fait, ça va, explique une saisonnière. Mais généralement, ils sont deux ou plus, les uns sur les autres." Une collègue raconte : "J'avais des amis qui étaient dans des logements où il n'y a presque pas de fenêtres, juste une pièce."

J'avais une amie qui logeait dans un logement où ça fuyait par le toit, elle faisait sa vaisselle dans l'évier de la salle de bain. Franchement, c'était pas terrible.

Une saisonnière

Pourtant, depuis un an, la mairie dit n'avoir eu aucun signalement de la part d'un saisonnier sur ses conditions de logement. Mais il existe une sorte d'omerta sur le sujet. "Un saisonnier qui va balancer sur ses conditions de logement mis à disposition par son employeur, il va craindre pour son contrat de travail, explique Sophie Denis, la directrice de la communication de la station de Courchevel. Donc, ça ne facilite pas les choses en termes de remontée d'information."

Code de bonne conduite

Pas de signalement, pas de contrôle de l'inspection du travail... Mais pour autant, Sophie Denis conteste que rien n'ait changé depuis l'incendie, comme disent les syndicats. "Il y a eu des réunions d'information auprès des services ressources humaines des employeurs. Un courrier a été fait aux employeurs pour leur rappeler leurs droits et obligations – surtout leurs obligations – et les sanctions encourues en matière de logements saisonniers."

Sur les 5 000 saisonniers de Courchevel, la moitié est logée chez des propriétaires privés ou des groupes. C'est là l'un des problèmes : la mairie ne peut pas intervenir sur un contrat de travail ou un bail. Alors elle propose désormais une convention, comme un code de bonne conduite entre employeurs, propriétaires et saisonniers, pour sensibiliser. "On peut difficilement faire plus avec les outils qu'on a. Notre ambition est aussi peut-être de faire évoluer les choses au niveau national. L'accident est arrivé à Courchevel, mais il aurait très bien pu arriver dans d'autres stations."

Toutes les stations touristiques aujourd'hui sont confrontées à cette même problématique. C'est peut-être l'occasion de revoir les choses à plus grande échelle.

Sophie Denis, directrice de la communication à Courchevel

Le Code du travail précise que le logement pour un saisonnier ne doit pas présenter de risques pouvant porter atteinte à la sécurité du locataire et qu'il ne doit pas être plus petit que six mètres carrés pour une personne.

Un an après l'incendie de Courchevel, les conditions de logement des saisonniers ont-elles changé ?

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