Incidents au Stade de France : les images de vidéosurveillance ont été "automatiquement détruites" au bout de sept jours car la justice ne les a pas réclamées
Le préfet de police de Paris Didier Lallement et des responsables de la FFF sont auditionnés jeudi au Sénat sur l'organisation calamiteuse de la finale de la Ligue des champions fin mai.
Ce qu'il faut savoir
Les images de vidéosurveillance du Stade de France concernant la finale de la Ligue des champions, du samedi 28 mai, ne sont plus disponibles. Elles ont été "automatiquement détruites", a déclaré, jeudi 9 juin, devant le Sénat Erwan Le Prévost, directeur des relations institutionnelles de la FFF. La justice avait sept jours pour réclamer ces images, ce qui n'a pas été fait. "Les images s'écrasent toutes seules dans le délai qui est imparti par la loi. Si le procureur de la République ne fait pas de réquisition, évidemment elles disparaissent", a confirmé le sénateur LR François Noël Buffet, président de la commission des lois au Sénat. Ces auditions interviennent après celles, le 1er juin, des ministres des Sports Amélie Oudéa-Castéra et de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Plusieurs auditions dans la journée. Le préfet de police a été auditionné devant la commission de la Culture et des Lois du Sénat, puis ont suivi à partir de 14H30, plusieurs responsables de la Fédération française de football (FFF) : Philippe Diallo, vice-président, Florence Hardouin, directrice générale, Erwan Le Prévost, directeur des relations institutionnelles, et Didier Pinteaux, responsable sécurité. Enfin, le maire de Liverpool, Steve Rotheram, lui-même présent au Stade de France où il a été victime de pickpockets, sera également auditionné à 16 heures.
Le préfet de police de Paris reconnaît "un échec". Devant le Sénat, Didier Lallement a reconnu jeudi que la gestion policière autour de la finale de la Ligue des champions Real Madrid-Liverpool le 28 mai était "à l'évidence un échec", mentionnant les personnes "bousculées ou agressées" et "l'image ébranlée" de la France, devant la commission des lois de la chambre haute. "C'est une blessure pour moi", a-t-il ajouté. Le gaz lacrymogène est le "seul moyen pour faire reculer une foule, sauf à la charger", déclare Didier Lallement devant le Sénat.
Gérald Darmanin incrimine les supporters britanniques. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin incrimine depuis le début de la controverse les supporters britanniques, estimant qu'ils sont en grande partie responsables des incidents. Devant les sénateurs, il avait présenté ses excuses aux supporters de Liverpool pour "les grands dégâts, notamment sur des enfants", causés par les gaz lacrymogènes. Mais il avait dans le même temps maintenu sa version, très critiquée, sur le nombre de faux billets, en réaffirmant que "35 000" supporters munis de billets falsifiés ou sans billets s'étaient présentés au Stade de France. "Plusieurs billets ont été dupliqués des centaines de fois", avait-il aussi déclaré. Selon les derniers chiffres communiqués, la FFF et l'UEFA ont pour l'heure évalué à "2 800" le nombre "de faux billets scannés".
Le ministre de l'Intérieur a demandé des sanctions. Lors de cette même audition, Gérald Darmanin avait assuré avoir "demandé des sanctions" au préfet de police pour deux membres des forces de l'ordre, coupables selon lui d'une utilisation du gaz lacrymogène "contraire aux règles d'emploi". Les deux enquêtes administratives qui permettront de décider de ces sanctions sont "en cours", a fait savoir mercredi à l'AFP l'entourage du ministre. Deux signalements avaient été adressés à l'IGPN, la "police des polices" française, avait également précisé le ministre, sans plus de précisions.
Des plaintes des supporters britanniques. Les supporters britanniques victimes d'infractions peuvent de leur côté déposer plainte auprès de la justice française via un formulaire dédié disponible depuis lundi sur le site de l'ambassade de France au Royaume-Uni. Ce formulaire doit ensuite être envoyé par voie postale au procureur de la République de Bobigny, dont dépend le Stade de France. Les autorités françaises n'ont pour l'instant pas communiqué de chiffres sur le nombre de signalements reçus via ce formulaire. Le Real Madrid a de son côté demandé le 3 juin des "réponses" sur le traitement infligé à ses supporters durant la finale et appelé à "déterminer qui sont les responsables" des scènes chaotiques du Stade de France.