Info franceinfo Corruption à la prison de Meaux en Seine-et-Marne en 2023 : deux nouvelles mises en examen

Un homme a été placé en détention provisoire, un autre a été placé sous contrôle judiciaire. Ils sont présentés comme de possibles intermédiaires. Fin 2023, un réseau mettant en cause deux agents de la prison a été démantelé.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'entrée de la prison de Meaux (Seine-et-Marne), le 22 février 2017. (PHILIPPE LAVIEILLE / MAXPPP)

Deux nouvelles personnes ont été mises en examen jeudi 7 novembre dans une affaire de corruption à la prison de Meaux (Seine-et-Marne), impliquant deux agents de la prison, dont une greffière, a appris franceinfo vendredi de sources concordantes.

Sollicité par franceinfo, le parquet de Paris précise que ces deux hommes, âgés d'une trentaine d'années, sont poursuivis pour "complicité d'escroquerie au jugement en bande organisée en récidive", "corruption active sur personne chargée d'une mission de service public" et "association de malfaiteurs en vue de délits punis de dix ans d'emprisonnement". L'un d'eux a été placé en détention provisoire, l'autre a été placé sous contrôle judiciaire. Ils sont présentés comme de possibles intermédiaires. 

En décembre 2023, un réseau mettant en cause deux agents de la prison de Meaux a été démantelé après des remises ou tentatives de remise en liberté de trafiquants de drogue. Un des plus gros trafiquants de stupéfiants en France était soupçonné d'avoir acheté une greffière de cette prison de Seine-et-Marne pour permettre sa sortie de détention.

Des fiches de détenus modifiées

L'affaire a débuté par des approches, en douceur, à la prison de Meaux, où cette greffière d'une trentaine d'années exerçait. Selon la version de la fonctionnaire, un homme vient toquer chez elle un jour. Il porte une cagoule et dit qu'il connaît sa famille. La greffière fait alors ce qu'on lui demande. Elle oublie volontairement d'envoyer au tribunal une demande de remise en liberté d'un caïd de la drogue détenu dans la prison. Avec ce vice de procédure, la justice ordonne la libération du trafiquant. Mais il sera rattrapé in extremis dans le cadre d'un autre dossier.

La jeune femme modifie également, sur le logiciel interne, la "fiche pénale" d'un autre détenu, en faisant passer la peine à laquelle il était condamné de plusieurs années à quelques mois. La greffière parle de menaces qu'elle a reçues et jure de ne pas avoir été payée. Mais la justice a de sérieux doutes. 

Un gros importateur de cocaïne impliqué

Elle fait partie, comme le trafiquant, des six personnes mises en examen l'an dernier pour "corruption active et passive par et sur personne chargée d'une mission de service public", "escroquerie en bande organisée au jugement", "détournement de la finalité de fichiers" et "association de malfaiteurs en vue de délits punis de dix ans d'emprisonnement". Les quatre autres personnes mises en examen l'an passé sont une autre femme qui travaillait au centre pénitentiaire de Meaux ainsi que sa sœur, et deux détenus. 

Le trafiquant, Firat C., 37 ans, est présenté comme l'un des principaux importateurs de cocaïne en France. Selon une source policière, ses transports et extractions judiciaires se font sous très haute sécurité. Il a été incarcéré et placé à l'isolement. Toujours de source policière, Firat C. figure toujours dans le "Topnat", la liste d'une cinquantaine de cibles prioritaires de l'Office anti-stupéfiants (Ofast). 

Cette affaire illustre "le risque de corruption au sein de nos propres institutions", avait commenté la procureure de Paris l'an passé. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.