: Info franceinfo "Elle était en train de secouer mon fils en pleurs" : le groupe People & Baby à nouveau face à des soupçons de maltraitance dans une de ses crèches
Après la mort d'un bébé empoisonné en juin dernier à Lyon, une autre crèche du groupe People & Baby est visée par une plainte pour des soupçons de maltraitance. Dans les Yvelines, une maman accuse une employée d'une crèche des Mureaux d'avoir violemment secoué son fils.
Après l'empoisonnement à Lyon d'un bébé dans une crèche People & Baby le 22 juin, le groupe privé fait à nouveau face à des soupçons de maltraitance, selon une information de franceinfo, mardi 12 juillet. Une maman a porté plainte mercredi 6 juillet au commissariat de Mantes-la-Jolie (Yvelines) pour "violence aggravée par deux circonstances suivie d'incapacité n'excédant pas huit jours" et pour "faux : altération frauduleuse de la vérité dans un écrit", selon la plainte que franceinfo a pu consulter. La sûreté départementale des Yvelines est saisie de l'enquête, selon la procureure de Versailles.
Ignestra Traverso, la maman âgée de 39 ans, accuse une employée d'une crèche du groupe située aux Mureaux (Yvelines) d'avoir secoué violemment sous ses yeux son fils âgé de deux ans et quatre mois. Dans sa plainte, cette maman assure que les faits se sont déroulés le 10 juin dernier, comme cela est écrit également dans le certificat médical établi par le médecin traitant de famille que franceinfo a pu consulter. En plus de ce certificat médical, les enquêteurs ont demandé à la maman de consulter les unités médico-judiciaires (UMJ) de Versailles pour constater d'éventuelles séquelles sur le bébé. Avant de porter plainte près d'un mois après les faits rapportés, la maman dit avoir d'abord contacté le siège du groupe People & Baby "à plusieurs reprises pour pouvoir trouver un terrain d'entente, pour pouvoir m'expliquer l'acte" et savoir pourquoi l'employée "a réagi de cette manière" avec son enfant. "Face à l'absence de réaction du groupe", selon ses propos, cette femme a porté plainte.
"Il me disait à chaque fois 'dame méchante'"
Tout commence début juin. À plusieurs reprises, le petit garçon se plaint. "Ça faisait plus d'une semaine qu'il arrivait devant la crèche qu'il hurlait, qu'il ne voulait pas rentrer dans la crèche, confie-t-elle. Il me disait à chaque fois 'dame méchante, dame méchante'." Ignestra Traverso amène alors son fils chez la pédiatre, cette dernière lui "stipule que c'est un message d'alerte". La pédiatre donne "des petites astuces", comme "d'aller chercher son fils une heure avant l'heure habituelle, de ne pas les prévenir, de ne pas le déposer à la même heure."
Le 10 juin, c'est ce que fait cette maman. Elle vient chercher son fils une heure avant l'horaire habituel. "Il y a une professionnelle qui me dit que les enfants sont dans le jardin", raconte-t-elle.
"Quand je descends l'escalier pour faire le tour, j'entends 'Ilyan tu arrêtes !' d'une manière très méchante et en hurlant. Donc là je me précipite et là je vois une autre professionnelle les deux mains sur les épaules de mon fils en train de le secouer et mon fils en pleurs, tétanisé."
Ignestra Traverso, maman d'Ilyanà franceinfo
S'en suit alors une altercation verbale entre la maman, l'employée et la directrice de la crèche. Sollicitée, la police municipale des Mureaux intervient et selon la mère de famille, les agents l'enjoignent à porter plainte. Mais les versions divergent : dans le courrier de résiliation de contrat que franceinfo a pu consulter, le groupe People & Baby assure avoir demandé l'intervention de la police municipale à cause du comportement d'Ignestra Traverso "en présence des enfants" qui a "par deux fois perturbé le fonctionnement de la structure, contraignant l'équipe encadrante à faire intervenir les forces de police afin d'apaiser la situation". L'entreprise fait référence à deux évènements. Le 10 juin donc, le jour où l'employée est soupçonnée d'avoir secoué Ilyan et la veille, le 9 juin.
Le parquet de Versailles assure à franceinfo que les enquêteurs entendront tous les protagonistes dans cette affaire, aussi bien l'employée mise en cause que la directrice de la crèche et des parents qui ont pu être témoins de la scène.
Un traumatisme pour le petit garçon
Après l'épisode de violence du 10 juin, la maman d'Ilyan décide de le retirer définitivement de cette structure. Dans le même temps, People & Baby résilie le contrat de la famille pour les raisons évoquées plus haut. La maman a porté plainte également pour "faux : altération frauduleuse de la vérité dans un écrit". Elle soupçonne la directrice de la crèche d'avoir signé un nouveau contrat à sa place, après la fin de celui signé entre décembre et fin mars.
Aujourd'hui, le petit garçon est gardé par sa grand-mère avant de rentrer en septembre prochain dans une école maternelle privée à la rentrée, en très petite section. Elle ne veut pas remettre son fils en crèche pour une année supplémentaire, car "c'est traumatisant", dit-elle. "Je me dis que ces actes peuvent recommencer."
"Les professionnelles sont en sous-effectif. On laisse la chair de nos chairs. Vous imaginez partir au travail avec la boule au ventre ?"
Ignestra Traverso, maman d'Ilyanà franceinfo
Cette habitante des Mureaux assure avoir fait un signalement à la Protection maternelle et infantile (PMI) de Versailles "sur tous les dysfonctionnements de cette crèche", indique-t-elle dans sa plainte "et les problèmes de sous-effectifs". Elle dit avoir assisté depuis décembre à un "véritable turn-over" d'employés au sein de cette crèche. Contactée par franceinfo, la PMI n'a pas confirmé ce signalement.
"Il hurlait et la crèche était pourtant fermée"
Selon sa maman, Ilyan garde lui un véritable traumatisme de son passage dans cette crèche : "Quand je suis passé devant la crèche un dimanche, il hurlait et la crèche était pourtant fermée."
Dans un communiqué publié sur son site internet mardi soir, People & Baby assure que "aucun acte de maltraitance, tel que le secouement d’un enfant ou autre comportement n’a eu lieu dans la crèche des Mureaux." Le groupe explique que la mère a "inventé de toutes pièces des actes de maltraitance jamais avérés." People & Baby a déposé des plaintes en diffamation, "dénonçant une nouvelle fois l’amalgame indigne entre un meurtre avéré et avoué, et la suspicion généralisée des métiers de la petite enfance."
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