Ce que l'on sait des violents incidents avec les gens du voyage à Moirans
Dans la soirée de mardi, une centaine de personnes armées de barres en fer bloquaient la gare de la ville. Des voitures ont été incendiées.
Voies SNCF coupées, voitures en feu, saccages... De violents incidents ont éclaté à Moirans (Isère), mardi 20 octobre, à quelques kilomètres de Grenoble. Des membres de la communauté des gens du voyage ont mis le feu à des palettes et à des carcasses de voiture. Ils réclament que deux de leurs proches, actuellement incarcérés, bénéficient d'une permission pour assister aux obsèques d'un jeune décédé à Saint-Joseph-de-Rivière, le week-end dernier, dans un accident de voiture qui a suivi un cambriolage.
Que s'est-il passé mardi à Moirans et à Aiton ?
Selon la mairie, une centaine de personnes armées de barres en fer ont bloqué la gare de la ville, mardi après-midi. De lourds saccages ont été constatés, notamment sur les voies SNCF, sur lesquelles des voitures ont été brûlées. Celles-ci pourraient provenir d'une casse, non loin de là, qui a été pillée par les émeutiers.
Trafic très perturbé sur l'axe Lyon-Grenoble.... Actes de malveillance, dégradations voitures en feu à Moirans #SNCF pic.twitter.com/SDGfWMfFbN
— Voie Libre SNCF (@conducteur_PSE) October 20, 2015
Une trentaine de personnes ont bloqué la route départementale 1085, incendiant des carcasses de voiture, des pneus et des palettes.
Live En Mode Voiron : les bruits d'explosions des véhicules qui brûlent se multiplient ...
Posté par En Mode Voiron sur mardi 20 octobre 2015
5 escadrons soit 80 gendarmes mobiles déployés à Moirans. Des renforts de police et gendarmerie en route
— Sébastien Bendotti (@itelerhonealpes) 20 Octobre 2015.
Selon la préfecture, la situation était revenue sous contrôle à 20 heures. "Il n'y a pas de blessés" et "les incendies ont été éteints", indique-t-elle. Aucune interpellation n'a été effectuée. Cela se fera ensuite, a expliqué le préfet de l'Isère. "L'exploitation des données, notamment celles fournies par un hélicoptère qui a survolé les incidents, permettra" des identifications. Mercredi matin, la situation était relativement calme sur place.
Par ailleurs, une vingtaine de détenus ont déclenché une mutinerie au centre de détention d'Aiton (Savoie), à 100 kilomètres de là, où les deux personnes dont les gens du voyage réclament la sortie sont incarcérées. Les mutins ont mis le feu à leur coursive et détruit les serrures de leurs cellules, a indiqué une source syndicale à l'AFP.
Quelle est l'origine de la colère des gens du voyage ?
C'est un accident de la route qui est indirectement à l'origine de ces incidents. Trois jeunes sont morts dans la nuit du vendredi 16 octobre au samedi 17 en rentrant d'un cambriolage à Saint-Joseph-de-Rivière. La voiture qu'ils venaient de voler est rentrée dans un arbre au bord de la route. Un quatrième occupant a survécu. Incarcérés, le grand frère et le cousin de l'une des victimes ont demandé la permission d'assister à ses obsèques, qui devaient se dérouler mercredi après-midi en l'église de Moirans.
Les violences ont éclaté quand ces permissions ont été refusées. "Le but n'était pas d'en arriver là, a déclaré mercredi Adèle Vinterstein, la mère du détenu, à BFMTV. Mais c'était la seule solution pour qu'on m'entende." Selon France 3 Alpes, la famille des détenus avait obtenu un accord oral pour cette permission. "J'ai demandé une escorte, même avec des boulets aux pieds. Ça ne prendrait qu'une heure", assure la mère.
La situation peut-elle à nouveau s'enflammer ?
La justice a confirmé, en appel, le refus d'une permission de sortie sans escorte du frère du défunt. Une nouvelle demande de permission, "sous escorte" cette fois, a également été refusée par le juge d'application des peines.
Cette décision pourrait susciter un nouvel accès de colère. "On attend les ordres du juge", a expliquait à l'AFP un groupe d'une dizaine de gens du voyage, mardi soir. Et, "si le juge ne lui donne pas l'autorisation, ça ne s'arrêtera pas car c'est une question de respect", a poursuivi un jeune homme. "J'attends demain. Il se passera ce qu'il se passera", expliquait la mère du détenu à BFMTV. "Je n'ai plus rien à perdre, absolument plus rien à perdre." "Etant donné le discours de fermeté des ministres, les forces de l'ordre se préparent à toute éventualité" et sont "toujours positionnées", expliquait la mairie de Moirans, mercredi matin.
Après le nouveau refus de la justice de laisser sortir son fils détenu, la mère du défunt a annoncé qu'elle voulait "annuler les obsèques" : "Je vais faire venir le cercueil de mon fils ici (dans le camp des gens du voyage). Et il ne bougera pas tant que mon autre fils ne pourra pas venir".
Quelles sont les conséquences des incidents ?
A 22 heures, le calme était revenu dans la commune. Mais le trafic ferroviaire reste perturbé. Mardi, les 218 passagers qui se trouvaient dans les deux rames à proximité de la gare de Moirans ont dû être évacués. Au lendemain des incidents, le site de la SNCF indiquait toujours, dans la matinée, que "la circulation des trains entre Lyon-Grenoble et Annecy-Valence est perturbée." Le trafic a été totalement rétabli, mercredi matin, mais la vitesse des trains reste limitée. La route départementale 1085 avait rouvert dans la nuit.
Sur France 2, mercredi, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a condamné des violences "intolérables, inacceptables" : "Il y a des voies de droit : si on n'admet pas une décision de justice, on peut la saisir." Manuel Valls avait déjà réagi, mardi dans la soirée, sur Twitter.
Face aux violences inadmissibles commises à #Moirans, une seule réponse : la fermeté et le rétablissement de l'ordre républicain. MV
— Manuel Valls (@manuelvalls) 20 Octobre 2015
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