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Jérôme Kerviel admet avoir fabriqué des faux

L'ex-trader Jérôme Kerviel a été mis en difficulté aujourd'hui à l'audience de son procès. Pressé de questions par le président, il a admis avoir fabriqué des faux. Il a expliqué comment il avait contourné les contrôles qui suspectaient des anomalies à coup de faux mails et d'explications embrouillées. Il explique avoir été pris dans une "spirale".
Article rédigé par franceinfo
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Jérôme Kerviel l'a de nouveau répété aujourd'hui. Il ne cachait pas ses positions “dans la salle de marchés”. Mais au reste de la banque, et en particulier aux contrôleurs inquiets, c'est une autre histoire.

Pressé de questions pendant trois heures par le président Dominique Pauthe et le procureur, Jean-Michel Aldebert, l'ex-trader de la Société Générale a fini par reconnaître qu'il avait effectivement fait tout ce qu'il avait pu pour contourner les contrôles. Tout au long de l'année 2007, les services de contrôles internes de la banque se sont inquiétés d'anomalies et de bizarreries dans les opérations du jeune homme. Faux mails, explications emberlificotées, opérations fictives : il a tout utilisé. “Que ce soit bête, débile, je vous le concède (...) mais j'étais dans une spirale... c'était un boulevard”, bafouille-t-il.

Pendant qu'il jouait les prestidigitateurs, ses véritables positions tournaient au désastre. A partir de mars 2007, elles représentaient des sommes astronomiques, pour atteindre un trou de près de 50 milliards d'euros début 2008, lors de la découverte de la fraude. “Fin 2007, vous auriez pu vous arrêter. Vous étiez sûr de vous ?”, lui demande le président. “A l'époque, oui, à tort sûrement”, répond le prévenu, qui répète une fois encore que ses supérieurs avaient compris et qu'ils cautionnaient sa stratégie. Il réaffirme que les services de contrôles se sont laissés berner consciemment, en croyant des justifications “pas crédibles un quart de seconde”.

Une stratégie de défense qu'a fustigé l'avocat de la banque au début de l'audience : “Jérôme Kerviel n'était pas payé pour s'assurer que les contrôles fonctionnaient bien”, a ironisé Jean Veil, rappelant que ce procès n'était pas celui des faiblesses présumées des contrôles de la banque, mais celui d'un homme accusé d'abus de confiance, faux et usages de faux, et introduction frauduleuse de données dans un système informatique. Il encourt cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.

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