"Justice pour Shems" : des centaines de personnes à la marche blanche à Viry-Châtillon
Une semaine après la mort du jeune Shemseddine, battu à mort près de son collège, une marche blanche est organisée vendredi 12 avril à Viry-Châtillon (Essonne). Les habitants sont toujours extrêmement choqués par ce déferlement de violence. Plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées devant la Maison des jeunes et de la culture (MJC) la plus proche de son collège, dans la cité pavillonnaire où vivent les parents de Shemseddine. Il y a beaucoup de ballons, de roses blanches, de t-shirts blancs.
L'enquête s'oriente pour l'instant vers un conflit sur fond de discussions par textos, avec des messages qui évoqueraient de la sexualité. Quatre jeunes hommes de 17 à 20 ans sont mis en examen pour assassinat et sont écroués en attendant leur procès.
De nombreux jeunes de l'âge de la victime sont venus. Leurs visages sont graves, leurs yeux parfois cachés derrière des lunettes de soleil pour dissimuler l'émotion ou les larmes qui coulent. "Il avait 15 ans, s'étrangle une agente municipale. Trop tôt pour mourir, surtout pour des raisons aussi futiles." "Justice pour Chems", lit-on sur certains t-shirts.
Certains parents ne peuvent s'empêcher d'avoir peur, comme Sabine, mère d'un adolescent de 16 ans. "Les parents sont dépassés. Moi je suis maman, je peux le dire, parfois j'arrive pas à gérer mon fils, admet-elle. Il y a aussi les copains, l'école... J'ai très peur, dès qu'il sort dehors, je commence à penser à lui, je l'appelle, je le harcèle au téléphone."
"Mon fils est un peu influençable, il peut commettre un truc comme être victime. C'est ça qui me fait peur."
Sabine, maman d'un ado de 16 ansà franceinfo
"La justice fait son travail et l'enquête a déjà bien progressé, souffle Nadine, une autre maman. Mais désormais, il faut travailler en amont avec les parents et l'Éducation nationale pour éviter de nouveaux drames comme celui-là." Certains pointent aussi le rôle des réseaux sociaux dans ce drame.
"Un message d'apaisement"
Le cortège avance, dans le silence, vers le stade. Jusqu'aux prises de parole. "À cet instant, je veux vraiment vous délivrer un message d'apaisement", déclare le maire de Viry-Châtillon, Jean-Marie Vilain. Il salue la mémoire de l'adolescent "parti beaucoup trop tôt". "Comment en sont-ils arrivés là ? À cette perte totale de repères, qui au final, a conduit à cet assassinat ? C'est à cette question qu'il nous faut aujourd'hui répondre", a déclaré l'élu.
Pour Jean-Marie Vilain, il faut commencer par "rétablir l'autorité des parents" et "celle trop contestée des professeurs, confrontés à des jeunes parfois de plus en plus violents". Il pointe également la responsabilité des réseaux sociaux "dont le virtuel banalise l'ultra-violence". L'édile appelle à prendre le problème très tôt, avant l'adolescence, pour soulager le travail des éducateurs. "C'est bien de mettre des médiateurs, mais il y a des médiateurs. Le département en met, il y a des agents aussi à l'intérieur du collège. Nous mettons nous des médiateurs de quartier, il y a des associations de prévention, comme Emergence, qui est présente depuis très longtemps à Viry et fait ce travail-là.
"Le plus important c'est que les jeunes n'arrivent pas à cet âge-là avec cette violence en eux. Il faut les protéger eux-mêmes de cette violence."
Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Châtillonà franceinfo
La mère de Shemseddine fait aussi lire un message. Elle a tenu à remercier les "amis, voisins et toutes les personnes anonymes qui nous soutiennent", ainsi que les fonctionnaires de police et les élus. Elle a appelé à ce que "la paix et la solidarité guident chacun de nos pas, et que Shemseddine, mon fils bien aimé, repose en paix". La mort de l'adolescent n'a pas entraîné de violences, la marche s'est passée dans le respect et les habitants espèrent que cela durera.
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