Meurtre de Philippine : "Le débat public bascule dans la vendetta et la surenchère xénophobe", dénonce le Syndicat de la magistrature

Le principal suspect, interpellé mardi, était sous le coup d'une OQTF.
Article rédigé par franceinfo
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Un autocollant du Syndicat de la magistrature. Phot d'illustration. (ALAIN PITTON / NURPHOTO / AFP)

"Le débat public bascule dans la vendetta et la surenchère xénophobe", dénonce jeudi 26 septembre, dans un communiqué le Syndicat de la magistrature, après le meurtre de Philippine, 19 ans, au bois de Boulogne, à Paris. Le principal suspect, interpellé mardi en Suisse, est un homme de 22 ans, condamné par le passé pour viol et sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), ce qui a suscité de vives réactions, notamment à l'extrême droite. "La machine politico-médiatique vient d'être relancée à fond de train sur les questions de sécurité et de justice", déplore le syndicat classé à gauche.

Il dénonce "les détournements politiques, l'activation de la rhétorique xénophobe et les classiques procès en laxisme de la justice". Sur ce dernier point, le Syndicat de la magistrature met en cause du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Le nouveau locataire de la place Beauvau a fustigé l'existence d'un "droit à l’inexécution des peines". Une "idée fallacieuse puisque près de 95% des peines sont exécutées dans les cinq ans de leur prononcé" et une formulation "aussi démagogique que dangereuse", accuse le syndicat.

"Prévenir les féminicides et la récidive"

Car "établir une causalité directe entre la non-exécution d'une mesure d'éloignement d'un étranger en situation irrégulière et son passage à l'acte criminel, penser le crime à travers la question de l'immigration focalise le débat sur la question de l'expulsion des personnes étrangères en situation irrégulière et empêche de réfléchir aux solutions pour une peine juste et efficace", développe le Syndicat de la magistrature. Il appelle au contraire, à "envisager" ces questions "à travers la capacité de la société toute entière à prévenir les féminicides et la récidive, quelle que soit la nationalité des personnes condamnées".

Le syndicat souligne que "des dizaines d'études montrent que la prison n'a pas d'effet sur la récidive contrairement aux accompagnements concrets, continus et individualisés des personnes condamnées pendant l'exécution de leur peine". Le Syndicat de la magistrature déplore le manque de moyens alloués à "l'institution judiciaire et à l'administration pénitentiaire" pour "remplir leur mission de prévention de la récidive". Plus précisément, "les structures médico-sociales nécessaires – unité de soins et de suivis psychologique en détention ou en centre de rétention, centres médico-psychologiques et services d'addictologie, centre d'hébergement et de réinsertion sociale – sont gravement sous-dotées, voire dans certains territoires inexistantes", regrette cette même source.

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