Air Cocaïne : en République dominicaine, Christophe Naudin incarcéré dans des conditions "épouvantables"
Les autorités dominicaines lui reprochent sa participation à l’exfiltration de deux pilotes français.
Cela fait maintenant deux mois que Christophe Naudin est incarcéré à la prison de San Cristobal, en République dominicaine. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il avait été dans un premier temps interpellé au Caire, puis extradé. Les autorités dominicaines lui reprochent sa participation à l’exfiltration de deux pilotes français condamnés par un tribunal de Saint-Domingue dans l’affaire Air Cocaïne.
Le mandat d’arrêt lancé contre Christophe Naudin aux motifs de "traite des êtres humains" et "trafic de migrants" est, selon son comité de soutien, entaché d’une dizaine d’irrégularités. En attendant de connaître les chefs d’accusation qui vont lui être prochainement signifiés par la justice dominicaine, Christophe Naudin a été placé en détention provisoire dans des conditions jugées "épouvantables" par l’un de ses amis, Hubert Roux, qui rentre de République dominicaine.
"Des cris et des hurlements"
C’est un dimanche, jour de la visite des familles, qu’Hubert Roux s’est présenté à la porte de la toute nouvelle prison située à une heure de route de Saint-Domingue. "J’ai dû tout retirer, raconte-t-il à francetv info : montre, argent, casquette, lunettes de vue, de soleil, bijoux y compris l’alliance, téléphone, appareil photo, documents. J’ai eu le droit de porter uniquement un pantalon, un slip, une chemise (bleu et vert interdit car c’est la couleur des détenus) et une paire de chaussures fermées."
Selon Hubert Roux les contrôles sont multiples, y compris pour les familles et les amis des détenus. Les humiliations aussi. "Après deux contrôles, poursuit-il, je me suis retrouvé dans un couloir parmi 150 détenus, au beau milieu des cris et des hurlements. Aucun gardien à l’horizon : ce sont les prisonniers qui m’ont guidé vers le quartier de haute sécurité où est détenu Christophe."
4 129 pas par jour dans sa cellule
Le criminologue français n’est absolument pas au courant de la visite de son ami, mais il s’empresse de lui montrer ses conditions de vie. Une cellule de trois mètres sur deux, avec une seule fenêtre, des toilettes cachées par un rideau et trois lits superposés. Le sien, c’est celui du milieu. "Au-dessus de lui, un narcotrafiquant et en dessous, un meurtrier récidiviste, décrit Hubert Roux. J’aperçois un ventilateur au fonctionnement chaotique et c’est tout. Christophe n’a plus la notion du temps. Il n’a pas droit à une montre. Il est interdit de promenade, excepté ce jour-là où il peut marcher dans le couloir. Il m’explique qu’en temps normal, il effectue quotidiennement - il les compte - 4 129 pas dans sa cellule de 6 m2. C’est un moyen parmi d’autres de tenir. Il me précise qu’il essaie avec ses codétenus de se familiariser à l’espagnol, qu’il fait beaucoup de calcul mental et qu’il écrit. Il apprend beaucoup ici : en tant que criminologue, il est servi !"
Christophe Naudin confie à son ami qu’ici, tout se monnaie. Il doit acheter l’eau, une cuillère pour éviter de manger avec les mains, une ceinture de pantalon. "Je le trouve très combatif, confie Hubert Roux. Mais il est désabusé et estime avoir été lâché par la France." Christophe Naudin a reçu récemment, au parloir, la visite de son avocat français Franck Berton, ainsi que celle de plusieurs journalistes. A Saint-Domingue, l’ambassade de France affirme tout faire pour que Christophe Naudin soit détenu dans les meilleures conditions.
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