Cet article date de plus de six ans.

Trésor du "gang des postiches" : Michel Fourniret, renvoyé aux assises, "a fait ses 15 années de carrière criminelle sur ce magot"

La journaliste Patricia Tourancheau a expliqué jeudi sur franceinfo qu'avec ce trésor, Michel Fourniret a acheté "un château dans les Ardennes, un appartement à Sedan, et un fourgon avec lequel il a enlevé les petites filles".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le tueur en série Michel Fourniret photographié à Charleville-Mezière (Ardennes), le 29 mai 2008. (ALAIN JULIEN / AFP)

Le tueur en série Michel Fourniret va être jugé à nouveau pour assassinat. Celui qui a été condamné à la perpétuité pour le meurtre de sept jeunes filles et d'un détenu, a été renvoyé jeudi 3 mai devant la cour d'assises des Yvelines en novembre pour l'assassinat en 1988 de la compagne d'un ancien codétenu. Il sera jugé cette fois pour un mobile crapuleux. Selon les aveux du tueur, cette femme lui avait permis de mettre la main sur le magot du "gang des postiches". L'ex-épouse de Michel Fourniret, Monique Olivier, sera jugée pour complicité. Ce "gang des postiches" a opéré à Paris entre 1981 et 1986. Déguisé, les malfaiteurs entraient dans des banques pour les braquer. Ils seraient à l'origine de 27 attaques.

Patricia Tourancheau, journaliste pour Les Jours et auteure d'un livre sur ce gang, Les Postiches, a expliqué sur franceinfo que Michel Fourniret a "tendu un piège" pour récupérer le magot sur lequel "il a fait ses 15 années de carrière criminelle". Ce nouveau procès va également permettre, selon Patricia Tourancheau, de voir les Fourniret sous un autre angle que celui de "criminels sexuels".

franceinfo : Que vient faire Michel Fourniret dans l'histoire du "gang des postiches" ?

Patricia Tourancheau : C'est l'incroyable télescopage entre ce tueur en série de petites filles et des braqueurs qui avaient du panache dans les années 80. En réalité, Fourniret était en détention avec un braqueur d'un groupe différent qui s'appelle Hellegouarch, dont la compagne s'appelle Farida. Fourniret est sorti de prison pour des affaires de mœurs fin 87 et s'est installé avec sa femme dans l'Yonne. Ensuite, Hellegouarch, en détention, a eu un codétenu italien appelé Esposito, qui s'était évadé de la prison de Rome avec le cerveau du gang des postiches et qui avait été rattrapé dans l'Essonne. Cet Esposito dit à Hellegouarch qu'il a un stock d'or à déménager parce qu'il va être extradé en Italie et lui demande s'il peut l'aider à trouver quelqu'un à l'extérieur qui puisse aller déterrer ces 50 kilos d'or dans un cimetière dans le Val-d'Oise. Hellegouarch mandate sa femme Farida pour aller trouver Fourniret, qui est un bon bricoleur, qui sera tout à fait apte à déterrer ce magot et ensuite aménager une cage au-dessus des toilettes dans leur maison à Vitry-sur-Seine. Farida va avec les Fourniret déterrer ce magot dans le cimetière de Fontenay-en-Parisis. C'étaient des lingots d'or cachés dans une caisse à outils et des pièces d'or, des napoléons, des pesos mexicains, cachés dans des Tupperware. Ils ont déterré tout ça une nuit de fin mars 88 et ensuite ils sont allés cacher tout ça dans les toilettes de la maison de Farida. Les Fourniret sont rentrés dans l'Yonne et Michel Fourniret s'est ravisé se disant que sa femme était enceinte.

Il ne voulait pas partager le magot finalement ?

Il avait récupéré une commission de 500 000 francs en lingots et pièces d'or mais tout à coup il s'est demandé pourquoi est-ce qu'il ne raflerait pas l'intégralité du magot. Du coup, il est retourné voir Farida. Il lui a tendu un piège. Il l'a tuée à coups de baïonnette et pour l'achever il l'a étranglée selon ses propres aveux aux juges, sur procès-verbaux. Ensuite, les deux Fourniret sont allés dans la maison rafler tout le magot, à l'exception de l'équivalent de 200 000 euros en pièces d'or. Les Fourniret ont conduit la Fiat Uno de Farida sur le parking d'Orly pour faire croire qu'elle était partie à l'étranger en emportant le magot. Par la suite, les Fourniret n'ont eu de cesse d'aller voir Hellegouarch, les soeurs de Farida pour faire mine de s'inquiéter de son absence. Ce qui est dingue, c'est que Fourniret ne savait pas qu'il s'agissait du gang des postiches. Avec le magot, il va acheter, cash, un million de francs à l'époque, un château dans les Ardennes, un appartement à Sedan, un break, un fourgon avec lequel il va d'ailleurs enlever les petites filles. Il a fait ses 15 années de carrière criminelle sur ce magot.

Quel est l'intérêt de ce procès qui arrive ?

C'est important pour la famille de Farida car c'était un peu la victime oubliée du premier procès des Fourniret. On se demandait d'ailleurs pourquoi les Fourniret n'étaient pas jugés aussi pour ce crime contre la femme d'un braqueur et on se disait est-ce que c'est justement parce que c'est la femme d'un délinquant qu'on ne le juge pas à ce moment-là. Je crois maintenant que la police judiciaire et les juges espéraient pouvoir découvrir le corps de Farida. Hélas, Fourniret a baladé les enquêteurs et cette dépouille n'a jamais été retrouvée. On a vu au précédent procès le couple de Thénardier pervers et narcissiques, on les voyait plutôt sous l'angle de criminels sexuels, tandis que là le mobile est crapuleux.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.