Le parquet de Lyon demande la relaxe pour Siné
Le tribunal correctionnel de Lyon s'est teinté d'une couleur people hier, pour le procès du dessinateur satirique Siné. A la barre, l'humoriste Guy Bedos et le philosophe Bernard Henry-Lévy, le premier pour la défense du prévenu, le second cité par la partie civile.
_ Procès d'autant plus mouvementé que Siné, âgé de 80 ans, a fait un malaise au début de l'audience.
Siné, célèbre dessinateur de personnages provocateurs aux yeux ronds, était assigné pour “incitation à la haine raciale” par la Licra (ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme). Le 2 juillet dernier, il avait ironisé dans une chronique publiée dans l'hebdomadaire Charlie Hebdo sur le mariage de Jean Sarkozy, le second fils du président de la République, avec la fille du créateur des magasins Darty. Il s'y demandait si le marié avait opéré une conversion au judaïsme.
La Licra visait également une autre chronique critiquant les femmes musulmanes voilées.
Siné avait été licencié par la direction de Charlie Hebdo.
Ligne jaune ou provocation ?
Au cours de sa déposition, Bernard Henry-Lévy a estimé que “ligne jaune” avait été franchie et que Siné mettait ses pas dans “les traces qui sont celles du vieil antisémitisme français”. Il a fait un “ amalgame entre juifs et riches ”, expliquait le président de la Licra, Alain Jakubowicz.
Ces deux chroniques “sont-elles racistes, provoquent-elles la haine ?”, s'est interrogé le procureur de la République, Xavier Reynaud. Pour lui, la réponse est non. “La lecture de ces chroniques, on ne peut pas la faire en faisant abstraction de l'hebdomadaire dans laquelle elles ont été publiées. Charlie Hebdo est un journal satirique, on est sur le terrain de la provocation”, affirme-t-il. Refusant de “tomber dans le politiquement correct”, il appelle à ne pas “se comporter en snipers de la morale ”. Il a donc demandé la relaxe.
Le jugement a été mis en délibéré au 24 février.
Grégoire Lecalot, avec agences
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