Le scandale des hormones de croissance enfin en procès
C'est l'un des plus gros scandales sanitaires français. Selon les associations de victimes, 113 personnes sont mortes, à ce jour, après avoir été traitées dans les années 80 à l'hormone de croissance, censée les aider à grandir lorsqu'elles étaient enfants.
_ Le procès s'est ouvert ce matin, devant le tribunal correctionnel de Paris. Dans une immense salle de toile, dressée dans le hall du palais de justice -- il fallait bien ça pour accueillir les quelque 250 parties civiles.
Le président Olivier Perrusset a d'abord égrené les noms et la date de décès des jeunes qui ont succombé à la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
_ Leurs familles sont dans la salle. Tous ont en commun un deuil, un enfant mort après une lente et douloureuse dégénérescence, parce qu'on lui a administré des hormones fabriquées à partir d'une glande crânienne, l'hypophyse, prélevée sur des cadavres qui n'étaient pas sains.
113 morts à ce jour. Mais 800 autres ont potentiellement pris ces hormones pendant leur jeunesse.
Face aux familles, les sept prévenus sont tous présents. Des médecins plutôt âgés aujourd'hui, qui se disent tous innocents. Ils devront s'expliquer sur les graves fautes d'imprudence et de négligence qu'on leur reproche. Accusés d'homicide involontaires et/ou de tromperie aggravée pour avoir caché les risques aux parents, ils risquent de trois à quatre ans de prison -- l'exception de l'un d'eux qui encourt jusqu'à dix ans parce qu'il est aussi soupçonné d'avoir touché des commissions occultes.
Leurs avocats ont tous adopté le même axe de défense : le savoir médical de l'époque ne permettait pas de mesurer les risques encourus.
_ “Il y a 20 ans, quel était le degré réel de connaissances ? Ils ont agi avec les connaissances de l'époque... C'est un peu facile de remonter le temps”, explique Me Benoît Chabert, qui défend M. Cerceau, directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) de 1981 à 1991, responsable de la chaîne de production de l'hormone.
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