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Les largesses de l'UIMM évoquées devant le juge

Syndicats, partis politiques, et même patronat : tout le monde aurait largement profité de la caisse noire de la métallurgie. A en croire du moins les témoignages recueillis par le juge Le Loire, qui enquête sur la fameuse caisse noire de l'UIMM...
Article rédigé par franceinfo
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L'UIMM, ce généreux mécène... Au fur et à mesure que l'enquête sur la caisse noire de la métallurgie avance, les langues semblent se délier. Le juge Roger Le Loire, qui instruit le dossier des 21 millions d'euros prélevés en liquide sur les comptes de l'UIMM entre 2000 et 2007, commence à y voir plus clair. Sur la destination de l'argent notamment.

A la lecture des procès-verbaux d'audition, révélés aujourd'hui par les journaux, Le Monde et Mediapart, il apparaît effectivement que l'UIMM a largement financé des syndicats, dont la CGT, des partis politiques, mais aussi le CNPF, l'ancêtre du Medef.

Jacques Gagliardi, ancien haut responsable de l'UIMM de 1979 à 1995, s'est ainsi épanché sur des confidences que lui aurait faites son patron, Pierre Guillen : “il m'en a parlé en me disant qu'il donnait des sommes en liquide à des syndicats. Il m'en avait parlé du reste à propos de la CGT parce que c'était une première.” La CGT percevait ainsi “quelques centaines de milliers de francs tous les ans”. Et d'autres syndicats, comme la CFDT ou FO, bénéficiaient “vraisemblablement” de ces fonds.

La réaction des principaux intéressés ne s'est pas fait attendre. Tous nient avoir perçu le moindre centime. La CGT estime qu'il s'agit d'une “accusation sans
fondement et sans preuve”. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT des métallos, souligne même qu'actuellement, l'UIMM “ne nous rembourse même pas
les tickets de métro quand on va en négociation!”

Décidément très disert, Jacques Gagliardi a ensuite impliqué les partis politiques, évoquant la tradition qui remonte au Comité des forges, au XIXe siècle. “Des membres du Parti socialiste y participaient pleinement comme bénéficiaires, y compris Mitterrand.”

Il s'est ensuite fait encore plus précis sur les largesses consenties au CNPF, le patronat français. “Un représentant du CNPF venait régulièrement s'alimenter en munitions auprès de M. Guillen. Cette personne repartait avec sous le bras un paquet de la dimension d'une boîte de chaussures. On peut supposer que ce n'était pas des petites coupures”, conclut-il.

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