Tuerie de Chevaline : "Rien ne permet d'assurer que l'on pourra élucider" cette affaire
Véronique Denizot, procureure de la République d'Annecy, est revenue, mardi pour France Bleu Pays de Savoie, sur la tuerie de Chevaline cinq ans après les faits.
La tuerie de Chevaline, en Haute-Savoie, a eu lieu il y a cinq ans, jour pour jour, mardi 5 septembre. En cette journée de 2012, quatre personnes étaient froidement abattues sur une route forestière. Parmi les victimes, se trouvaient trois touristes britanniques - Saad Al-Hilli, son épouse et sa belle-mère - et un cycliste. Les deux filles du couple britannique, âgées à l'époque de 4 et 7 ans, sont, quant à elles, rescapées.
Aujourd'hui, cinq ans après, les enquêteurs ignorent toujours l'identité du ou des meurtriers. "Le travail continue", "la veille est permanente", a assuré, mardi sur France Bleu Pays de Savoie, la procureure de la République d'Annecy, Véronique Denizot. Toutefois, la magistrate reconnaît que "l'on n'avance pas".
France Bleu Pays de Savoie : Pouvez-vous nous expliquer comment l’enquête se poursuit ?
Véronique Denizot : Après cinq ans, la section de recherches de la gendarmerie de Chambéry est toujours à la tête de l’enquête avec du personnel présent depuis le début. Pour nous, c'est un gage de maintien de la mémoire et de la connaissance de ce dossier. En revanche, si au début de cette affaire nous avons pu avoir jusqu’à cent personnes mobilisées sur l’enquête, à l’heure actuelle, seulement quelques enquêteurs travaillent encore dessus. Quand nous disons que le travail continue, cela signifie que la veille est permanente. Tout élément nouveau nous parvenant est vérifié. On n’oublie rien, on continue à chercher. Le seul constat que l’on doit faire, et il est un peu amer évidement au bout de cinq années, est que l’on n’avance pas.
Comment, aujourd’hui, ce dossier pourrait-il être relancé ?
Ce qui pourrait le relancer de manière significative est la découverte de l’arme [un Luger P06, un pistolet de fabrication suisse produit à 56 000 exemplaires jusqu’en 1940] ou l’identification de son ou de ses derniers possesseurs ou propriétaires. Des investigations allant dans ce sens sont toujours en cours en France et en Suisse, mais sans avancée significative pour le moment. Malheureusement, on n’a pas grand-chose d’autre parce que les différentes pistes ouvertes depuis 2012 ont été, à mon avis, correctement et totalement exploitées. Comme je l’avais indiqué l’année dernière, il ne reste que la piste locale et cette hypothèse fait que l’on ne connaît pas le mobile. Qu’est-ce que, ce ou ces tueurs, ont voulu cacher en éliminant tous les témoins ? On le découvrira le jour où l’on retrouvera l’arme, son possesseur ou le suspect lui-même.
Après cinq années d’enquête, comment les enquêteurs et vous-même vivez-vous cette absence de résultat ?
C’est très frustrant. Ce n’est pas décourageant, mais il y a effectivement un sentiment d’amertume parce que l’on se dit : 'Est-ce que l’on va y arriver'. Nous avons cependant l’impression d’avoir mis en œuvre tout ce qu’il fallait. Le fait de ne pas y arriver nous incite à nous demander ce que nous avons pu louper. Est-ce que nous sommes passés à côté de quelque chose ? J’espère que non. J’espère aussi que le temps nous prouvera que nous avions bien travaillé. Mais, pour le moment, nous n’en savons rien. C’est rageant parce que cinq ans, c’est à la fois beaucoup et pas tant que cela pour un dossier de cette nature. Mais c’est évidemment beaucoup trop long pour les victimes. Aujourd’hui, rien ne permet d’assurer que l’on pourra élucider Chevaline. Mais il faut y croire.
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