: Vidéo Au cœur d'un centre de détention pour clandestins en Libye
La Libye est devenue une plaque tournante pour de nombreux clandestins qui tentent de rejoindre l'Europe par la Méditerranée. Pour "Envoyé spécial", le journaliste Kamal Redouani a pu interviewer ces clandestins, ainsi qu'un officier libyen, démuni.
Dans ce centre de détention pour clandestins de Misrata, deuxième port du pays, de jeunes Palestiniens, Égyptiens, Syriens, mais aussi des migrants venus d'Afrique subsaharienne sont retenus depuis dix jours dans l'attente de leur sort. Certains ne sont encore que des adolescents.
"Dans notre pays, il y a la guerre, et ici aussi. On voudrait juste partir pour vivre en paix en Europe", explique ce jeune Syrien, diplômé en droit mais qui travaille comme électricien. Il est entré illégalement en Libye, car très peu de visas sont délivrés à ces ressortissants de pays en guerre.
"Au moment de la traversée, ta vie ne signifie rien pour eux"
De l'autre côté des barreaux, l'officier libyen lui rétorque : "Tu sais que tu vas être pris, tu sais que tu vas être vendu. Tu sais qu'ils peuvent t'arracher un rein, ou un œil. Les passeurs qui profitent de la guerre sont partout. Ils sont libyens ou tchadiens", avant d'ajouter : "Au moment de la traversée, ta vie ne signifie rien pour eux. Ils prennent tes 1 000 dollars, et basta ! Tu es juste une marchandise."
Ces hommes devraient être expulsés vers leurs pays d'origine. Pourtant, l'officier se livre à quelques confidences troublantes en dehors du centre : "On ne va pas les expulser, ce sont nos frères dans l'islam, et en plus ils sont arabes. On prend soin d'eux. Où veux-tu qu'ils aillent et comment les garder ici ?"
"Ils préfèrent la prison en Europe à la liberté en Afrique"
À ses côtés, le garde intervient : "Les renvoyer en Syrie, dans un pays en guerre ? Et l'Italie nous montre du doigt. Elle dit que nous facilitons l'immigration clandestine. Mais eux veulent absolument partir en Europe. Ils préfèrent la prison en Europe à la liberté en Afrique."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.