Marseille : malgré l'augmentation récente des effectifs, il y a 185 policiers de moins en 2023 qu'en 2017, souligne la Cour des comptes

Un rapport de la Cour des comptes pointe une baisse des effectifs policiers à Marseille entre 2017 et 2023 et la relative inefficacité des moyens reçus dans le cadre du plan "Marseille en grand".
Article rédigé par franceinfo
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Gérald Darmanin et Emmanuel Macron rencontrent des policiers à Marseille, le 26 juin 2023 (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP POOL)

Avec 4 064 policiers en 2023, la ville de Marseille, en proie à de sanglants règlements de comptes liés au trafic de drogue, compte 185 policiers de moins qu'en 2017, indique la Cour des comptes dans un rapport publié dimanche 20 octobre, intitulé "Les forces de police à Marseille" auquel a eu accès franceinfo.

Ces chiffres de la Cour des comptes apportent ainsi un bémol aux annonces d'Emmanuel Macron et de son ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui ont beaucoup communiqué sur les renforts policiers à Marseille. La Cour des comptes relativise aussi l'efficacité réelle de cette présence policière.

Elle note que si les effectifs de policiers (adjoints de sécurité compris) ont récemment augmenté, notamment depuis l'annonce du plan "Marseille en grand" en 2021, cela ne compense pas la forte baisse du nombre de policiers au début du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. Marseille comptait 4 249 policiers en 2017, 4 098 en 2018 et 3 953 au plus bas en 2020. "La chute avait été telle entre 2017 et 2020 que ces renforts, aussi nombreux soient-ils, couvrent à peine le nombre de départs", pointe l'institution. En trois ans, 436 nouveaux policiers sont arrivés à Marseille (100 en 2021, 200 en 2022, 136 en 2023).

Un "manque d'attractivité" de Marseille

Les magistrats estiment que seules les compagnies de CRS déployées dans la ville – non comptabilisées dans ces effectifs car ayant "vocation à être projetées sur l'ensemble du territoire", rappelle la Cour – permettent de montrer à la population que la présence sur le terrain a été renforcée. Cette difficulté à fidéliser les policiers à Marseille est due à un manque d'attractivité, selon la Cour des comptes. "À l'instar de la préfecture de police de Paris, la circonscription de Marseille est confrontée à un défaut d'attractivité et de fidélisation de ses personnels, lié à certaines contraintes que sont la difficulté à se loger, les conditions de transport jugées complexes et l'intensité particulière de la délinquance à Marseille qui rend les conditions de travail plus exigeantes", est-il écrit dans le rapport.

Mais au-delà des effectifs, la Cour des comptes note que si dans le cadre du plan "Marseille en grand", "la ville a reçu des moyens importants (...) et des équipements (200 véhicules, 2 000 caméras piétons et 5 000 terminaux téléphoniques)", seulement 90 caméras de vidéoprotection étaient opérationnelles au 30 juin 2024 sur les 500 prévues.

Deux semaines d'arrêts maladie par agent en 2023

Les magistrats pointent par ailleurs le nombre d'arrêts maladie des policiers qui explose, avec une moyenne de 14 jours par agent en 2023, selon les calculs de la Cour des comptes. En 2021, l'institution a compté 15 145 jours de congés maladie chez les policiers marseillais, 23 428 en 2023, en raison notamment d'un mouvement social qui a eu lieu juste après les émeutes du début de l'été 2023 : un policier de la brigade anti-criminalité (BAC) avait été placé en détention provisoire. Ne pouvant faire grève, de nombreux policiers se sont mis en arrêt maladie pour protester. Si on regarde dans le détail, "c'est en particulier au sein des services de la police aux frontières (PAF) et de la police judiciaire" que cette hausse du nombre d'arrêts maladie est la plus forte.

Enfin, la Cour des comptes estime que la lutte contre le trafic de drogue se fait au détriment de celle menée contre la délinquance économique et financière. "Cette mobilisation permanente restreint les moyens consacrés à d'autres missions, notamment la délinquance économique et financière et le blanchiment." À Marseille, les escroqueries et infractions économiques et financières ont augmenté de 37% entre 2016 et 2023, "mais le taux d'élucidation a été réduit de plus de moitié, de 63% à 29,8%", alertent les magistrats.

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