Propos de Gérald Darmanin sur les violences policières : que ce soit une "maladresse" ou une "provocation", "c'est problématique", affirme un chercheur
Le chercheur Mathieu Zagrodzki est revenu sur les mots qu'a utilisé le ministre de l'Intérieur devant la commission des lois de l'Assemblée nationale : "Quand j'entends 'violences policières', personnellement, je m'étouffe".
"D'un côté, on se dit qu'un personnage à ce niveau-là choisit ses mots et que ce terme n'a pas été choisi par hasard. Mais à côté de ça, on se dit que c'est quand même très, très gros. Ce serait une provocation qui irait très loin. J'ai également du mal à l'imaginer", réagit mercredi 29 juillet sur franceinfo Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au Centre d'études sociologiques sur le droit et les institutions pénales, après les propos de Gérald Darmanin qui font polémique.
Le ministre de l'Intérieur a déclaré mardi : "Quand j'entends 'violences policières', personnellement, je m'étouffe", devant la commission des lois de l'Assemblée nationale. Ces paroles choquent une partie de l'opinion et en premier lieu les proches de Cédric Chouviat, cet homme mort en janvier lors d'un contrôle routier à Paris, après avoir répété à sept reprises "j'étouffe" à l'adresse des policiers.
"Dans les deux cas, c'est quand même assez problématique parce qu'on peut très bien défendre les policiers, la présomption d'innocence ou dire que la police a le droit d'user de la violence, sans pour autant tomber dans ce type de provocation, au cas où ce serait volontaire, ou de maladresse, au cas où ça serait involontaire", quand on est ministre de l'Intérieur, poursuit le chercheur spécialisé dans la police.
Quand vous choisissez une personnalité comme Gérald Darmanin, le message est assez clair.
Mathieu Zagrodzki, chercheurà franceinfo
Pour Mathieu Zagrodzki, Gérald Darmanin "endosse ce rôle un peu martial de quelqu'un qui souhaite rétablir l'ordre en France", une "posture qui n'est pas surjouée", car le nouveau ministre de l'Intérieur "est issu d'une famille politique qui est celle du sarkozysme". Le chercheur souligne qu'Emmanuel Macron "traîne plusieurs cailloux", dont le fait de ne pas "être considéré comme totalement crédible sur ces questions de sécurité".
Un équilibre "très délicat" à trouver
Gérald Darmanin "essaie de redresser la barre" après le passage de Christophe Castaner place Beauvau, "où la fonction a été un peu discréditée aux yeux d'une partie de l'opinion publique et aux yeux de la police", quand l'ancien ministre de l'Intérieur, après avoir "joué un rôle protecteur de la police", a changé "complètement de style" au sujet des violences policières ou du racisme au sein de la police, analyse Mathieu Zagrodzki.
"C'est un équilibre très, très, très délicat à trouver", reconnaît-il, entre "une frange de l'opinion publique attachée à l'ordre et qui soutient la police" et une autre "attachée au respect de la déontologie, du droit et des droits de l'homme", dans un contexte où la "profession policière est en crise avec des taux de suicide très élevés, un surmenage, des millions d'heures supplémentaires qui ont été accumulées ces dernières années, avec l'alerte terroriste et les 'gilets jaunes'."
À l'issue du Conseil des ministres mercredi midi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a déclaré qu'"évidemment ce terme ["je m'étouffe"] n'a pas été employé en faisant référence à ce qui est arrivé à monsieur Chouviat."
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