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"Tout le monde gagnera à avoir une police mieux formée et qui utilise un peu moins ses armes", estime un spécialiste des questions de police

Alors que Jean-Luc Mélenchon continue d'être la cible de nombreuses critiques pour avoir dit que "la police tue" après la mort d'une jeune femme samedi à Paris, Christian Mouhanna, sociologue chercheur au CNRS, appelle à mener une réflexion globale sur la façon dont interviennent les policiers.

Article rédigé par franceinfo
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Des policiers patrouillent dans le centre de Paris, le 31 janvier 2021. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"Tout le monde gagnera à avoir une police mieux formée et qui utilise un peu moins ses armes", a estimé mardi 7 juin sur franceinfo Christian Mouhanna, sociologue chercheur au CNRS, spécialiste des questions de police, alors que Jean-Luc Mélenchon, le leader de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) a déclaré sur Twitter que "la police tue", en réaction à un contrôle à l'issue duquel une passagère a été tuée par des tirs policiers samedi à Paris

franceinfo : Une loi a changé ce que peuvent ou pas faire les policiers. Que dit vraiment la loi ?

Christian Mouhanna : Il faut que le policier soit mis en danger et qu'il y ait des circonstances vitales pour lui. La difficulté est d'apprécier s'il était vraiment dans cette situation de légitime défense ou non. Du point de vue du droit ou d'un point de vue sociétal, on ne peut pas accepter de faire confiance à tout prix au policier : il faut des enquêtes judiciaires ou administratives. La question ce n'est pas seulement les textes de loi, ce sont aussi les doctrines et la question de la mise en pratique de ces textes de loi.

Est-ce qu'il y a un enjeu de formation des policiers ?

Il y a effectivement un besoin de formation et on sait que les policiers ne sont pas assez formés, notamment dans ces situations d'urgence. Il faut aussi mener une réflexion plus globale sur la façon dont interviennent les policiers et sur les politiques de sécurité.

Est-ce que la société tolère moins de choses de la part des policiers ?

On supporte moins bien que des policiers commettent des actes qui auparavant étaient tolérés par le système. On sait que, dans la police, il y a de bons éléments, mais aussi des mauvais. Il y a des policiers qui quittent la police parce qu'ils ne supportent pas certains de leurs collègues trop violents. Tout le monde gagnera à avoir une police mieux formée et qui utilise un peu moins ses armes. Ce qui est un peu choquant c'est que le ministre de l'Intérieur et le Premier ministre, avant même les conclusions de l'enquête, se placent sur un discours très proche des syndicalistes policiers et défendent systématiquement la police. Cela ne rend service à personne.

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