Pollution à la dioxine : procès modeste pour grand scandale
L'affaire avait débuté en octobre 2001. L'incinérateur de déchets de Gilly-sur-Isère fait l'objet d'une fermeture administrative. En cause : des taux anormalement élevés de dioxine, polluant cancérogène, dépassant parfois jusqu'à 750 fois la
norme maximale autorisée.
Par mesure préventive, près de 7.000 bêtes, essentiellement des vaches, sont abattues. Plus de deux millions de litres de lait et 24 tonnes de
produits laitiers sont détruits par crainte d'une contamination humaine. Cette pollution à la dioxine est considérée comme l'une des plus graves en
Europe depuis la catastrophe de l'usine Seveso en Italie en 1976, qui avait contaminé 193 personnes.
200 riverains portent plainte
Les riverains de Gilly-sur-Isère en sont certains : la dioxine a provoqué une augmentation des cancers. En mars 2002, 200 d'entre eux portent plainte. Une information judiciaire pour "homicide involontaire et mise
en danger de la vie d'autrui" avait été ouverte.
Pendant cinq ans, la juge Hélène Lastera mène l'instruction. Elle entend comme témoins trois anciens ministres de l'Environnement. Corinne Lepage et Dominique Voynet expliquent ainsi avoir à l'époque mis en garde les préfets sur la nécessité de respecter les
normes européennes d'émission de dioxine. Deux préfets sont mis en examen, mais les procédures sont ensuite annulées faute de charges suffisantes.
Pas d'augmentation significative des cancers
Ce sont ensuite les expertises qui dégonflent l'affaire : aucun lien de causalité certain n'a pu être démontré entre la pollution et les cancers. Une autre étude conclut à l'absence
d'augmentation significative de cancers.
Le procès organisé aujourd'hui et demain semble donc bien modeste au regard du retentissement que l'affaire a eu pendant des années : seul l'exploitant de l'incinérateur - une filiale de Suez-Environnement - sera finalement jugé pour non-respect des normes
environnementales, au côté d'un ex-directeur.
Les riverains ont été déboutés de leur constitution de parties civiles.
Seuls six associations et syndicat les représenteront à l'audience. "Cette affaire, c'est le
pot de terre contre le pot de fer" déplore Claire
Breche, riveraine et victime d'un cancer du sein en 1996. "Je n'attends rien du procès".
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