Scientifiques et ONG dénoncent le requin "caricatural" du film "Instinct de survie"
Dans cette production hollywoodienne, un grand requin blanc tente de croquer une surfeuse. Un cliché à l'égard des squales, majoritairement inoffensifs.
Pas besoin d'aller sur Allociné pour connaître leur note du film, sans doute proche de zéro. Certains scientifiques et ONG dénoncent la vision caricaturale du requin dans le thriller Instinct de survie, sorti plus de 40 ans après Les dents de la mer. Dans ce long-métrage du réalisateur Jaume Collet-Setta, en salles mercredi 17 août en France, un grand requin blanc a pour objectif de croquer une jolie surfeuse effarouchée.
Les requins responsables d'un nombre limité d'attaques
Ce menu n'est pas au goût de tous. "Hollywood, très certainement à la recherche d'un succès d'audience et financier, ressort une recette éculée : montrer le grand requin blanc comme un affreux chasseur de chair humaine", déplore Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique de Monaco. "Notre connaissance de la biologie des requins (...) était moins élaborée" à l'époque du film de Steven Spielberg, concède l'expert. Mais pas d'excuse aujourd'hui. "C'est vraiment caricaturer sciemment, en toute connaissance de cause, une espèce animale."
Avec 98 attaques de requins (6 morts), l'année 2015 constitue un record, selon l'International Shark Attack File, une banque de données basée en Floride (Etats-Unis). Le précédent record était de 88 attaques, en 2000. En moyenne, les attaques de requins, très médiatisées, font une dizaine de morts par an. A titre de comparaison, les crocodiles tuent chaque année 1 000 personnes dans les monde, et les serpents en tuent 50 000.
Un quart des requins sont menacés d'extinction
Seules 5 espèces de requins sur 500 sont dangereuses pour l'homme, dont le grand requin blanc, le requin-tigre et le requin-bouledogue, à l'origine de la plupart des accidents. Quand un requin attaque un baigneur ou un surfeur, c'est souvent "une méprise" avec une tortue ou une otarie, estime Denis Ody, responsable du pôle Océans au WWF. Et pour l'océanographe Catherine Vadon, les accidents se multiplient pour une raison statistique, car "il y a de plus en plus d'amoureux des sports nautiques".
Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature, un quart des requins sont aujourd'hui menacés d'extinction et "de très nombreuses espèces ont vu leur population diminuer de 70-80%", explique Robert Calcagno. D'après lui, il est donc urgent d'apprendre à "vivre avec les requins". Reste à convaincre Robert Redford de tourner dans L'homme qui murmurait à l'oreille des squales.
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