Sous-marin disparu : "Le fait que ce soit un bruit répété toutes les 30 minutes est réconfortant", estime Michel L'Hour, archéologue sous-marin de renom
"Le fait que ce soit un bruit répété toutes les 30 minutes est réconfortant", a estimé mercredi 21 juin sur franceinfo Michel L'Hour, archéologue sous-marin de renom, ancien-directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), alors que les garde-côtes américains ont annoncé ce mercredi matin avoir capté des bruits sous l'eau par des avions canadiens pendant les opérations de recherche du submersible disparu depuis dimanche avec cinq personnes à bord près de l'épave du Titanic, dans l'océan Atlantique. Pour Michel L'Hour, "la régularité du signal correspond à la régularité qu'à un humain". "Il faut garder espoir", a insisté le spécialiste.
franceinfo : On parle de "bruits" entendus toutes les 30 minutes, de signaux acoustiques également, est-ce que cela peut venir du sous-marin ?
Michel L'Hour : Le fait que ce soit un bruit répété toutes les 30 minutes est réconfortant. Les fonds marins, c'est un monde extrêmement bruyant. La proximité de l'épave aussi fait qu'elle craque nécessairement parce que le Titanic est, depuis plus de 100 ans, sous les eaux. Donc, on ne peut pas tout interpréter.
"La régularité du signal correspond à la régularité qu'à un humain voulant justement distinguer son signal de celui de la faune ou des bruits qui circulent sous l'océan. Avec cette technique, cela pourrait justement venir d'un humain qui pourrait décider de frapper à intervalles réguliers sur la coque, qui veut se signaler tout en limitant sa consommation d'air, une denrée extrêmement précieuse."
Michel L'Hour, ancien-directeur du DRASSMsur franceinfo
Reste à localiser l'origine du bruit. Où se trouve cette origine, c'est-à-dire si c'est le sous-marin que j'espère. Et où se trouve-t-il ? À quelle profondeur ? Est-ce qu'il est à la surface ? Ça, l'information ne le dit pas. Et une fois qu'on l'aura localisé, mettre les moyens en place pour le récupérer. Ce n'est pas la peine de taper toutes les quinze minutes parce que vous savez qu'on va déployer des sonars afin d'essayer de vous géolocaliser et donc vous allez donner des coups toutes les 30 minutes à intervalle très régulier, de telle sorte que celui qui entend ce signal comprend qu'il y a une origine humaine.
Est-ce que Paul-Henri Nargeolet, 77 ans, spécialiste de l'épave du Titanic, l'un des cinq passagers, vous avait fait part de ces doutes au sujet de cette expédition à bord du "Titan" ?
Il était dubitatif parce que c'est un engin d'une nouvelle conception en fibre de carbone, avec un hublot très large, presque 60 centimètres de diamètre, ce qui est énorme pour des machines qui sont soumises à des pressions considérables.
"Lorsque j'ai eu Paul-Henri Nargeolet au téléphone 48 heures avant le début de cette mission, quand on a évoqué ce sous-marin, il m'a dit 'je ne te cache pas que je suis un peu dubitatif, c'est assez intrigant, mais ça m'intéresse de voir comment ça marche'."
Michel L'Hour, ancien-directeur du DRASSMsur franceinfo
C'est un explorateur-né, c'est quelqu'un avec beaucoup de sang-froid. Il n'y a aucune folie chez Paul-Henri [Nargeolet]. Il a une passion folle pour le Titanic, mais il est parfaitement raisonnable. Je pense que si lui avait pensé réellement que cette machine n'était pas "sécure", il ne serait à la fois pas rentré dedans et il n'aurait pas proposé d'y accompagner les passagers. Il doutait peut-être dans le principe, mais je pense que s'il est descendu, c'est parce qu'il avait confiance dans la machine.
Il reste assez d'oxygène dans le "Titan" pour tenir jusqu'à jeudi 12 heures, selon les garde-côtes américains. Il faut donc garder espoir ?
Bien sûr et il y a deux espoirs en réalité. D'une part, parce qu'il y a encore de l'air et je pense qu'ils l'ont géré très tôt. Les gens comme Paul-Henri Nargeolet, avec leur expérience, ont dû d'emblée dire qu'il fallait gérer l'air. On gère l'air comme des naufragés gèrent l'eau d'emblée, on se rationne. Et puis d'autre part, il faut garder espoir parce que vous avez dans le submersible probablement le meilleur, ou l'un des meilleurs spécialiste au monde de ce type de machine, autrement dit celui qui est peut-être le plus capable d'expliquer, de calmer les autres, de prendre les bonnes décisions, de gérer son équipe et de les amener jusqu'au sauvetage. Donc oui, je garde personnellement espoir et ce n'est pas parce que je le veux, c'est parce que je le crois.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.