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Projet d'attentat d'un groupe néonazi déjoué : "D'anciens dirigeants du Front national ont, parfois, créé des groupuscules", analyse un spécialiste

Cinq personnes ont Ă©tĂ© interpellĂ©es ce mardi, soupçonnĂ©es d'avoir voulu organiser notamment un projet d'attentat contre une loge maçonnique.

Article rédigé par franceinfo
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Le siĂšge de la DGSI Ă  Levallois-Perret (92) le 13 juillet 2018. (ARTHUR NICHOLAS ORCHARD / HANS LUCAS)

Erwan Lecoeur, sociologue et politologue, spĂ©cialiste de l'extrĂȘme droite, auteur, notamment, du Dictionnaire de l'extrĂȘme droite, chez Larousse (2007), a expliquĂ© vendredi 24 septembre sur franceinfo que les groupuscules d'extrĂȘme droite actifs sont en gĂ©nĂ©ral "d'anciens dirigeants du Front national" qui "ont repris leur libertĂ©". Un projet d'attentat d'un groupe nĂ©onazi vient d'ĂȘtre dĂ©jouĂ©. Cinq personnes ont Ă©tĂ© interpellĂ©es mardi. Elles sont soupçonnĂ©es d'avoir voulu organiser notamment un projet d'attentat contre une loge maçonnique en mai dernier.

franceinfo : Qui est ce groupuscule "Honneur et nation" ?

Erwan Lecoeur : Il s'agit de quelques dizaines ou quelques centaines de personnes. Il est relativement rĂ©cent. On le connaĂźt sur internet particuliĂšrement. C'est le cas de beaucoup de ces groupuscules d'extrĂȘme droite. En l'occurrence, c'est un groupuscule clairement nĂ©onazi qui a des rĂ©fĂ©rences qui sont trĂšs claires. D'abord, l'hitlĂ©risme, le salut nazi, de nombreuses autres choses qui incarnent cette mouvance. Il y a toujours eu des groupuscules de ce type. Celui-ci est une dĂ©viance, un reste, d'une ancienne division nationaliste rĂ©volutionnaire. Le mot a un sens puisque nationaliste rĂ©volutionnaire, c'est vraiment les branches les plus dures de l'extrĂȘme droite, qui compte Ă©normĂ©ment de branches et Ă©normĂ©ment de sous-factions, de tendances, de gens trĂšs divers les uns des autres. L'extrĂȘme droite est trĂšs diverse. Et depuis que le Front national, Rassemblement national dĂ©sormais, est devenu plus "respectable", ces gens ont repris pour une partie d'entre eux, leur libertĂ©. C'est le cas par exemple d'anciens dirigeants du Front national qui ont parfois crĂ©Ă© des groupuscules de ce type. Celui-ci en est un avec quelques anciens responsables locaux du Front national, en CorrĂšze notamment. Ce sont des gens qui, en gĂ©nĂ©ral, sont parfois des anciens policiers, d’anciens gendarmes ou d’anciens militaires qui sont souvent plutĂŽt actifs sur internet et parfois passent Ă  l'acte.  

Que reprĂ©sente en France cette menace de l'extrĂȘme droite ?

Cela reprĂ©sente des dizaines et des dizaines de groupuscules diffĂ©rents, Ă  chaque fois quelques centaines de personnes tout au plus. Les plus connues, GĂ©nĂ©ration identitaire par exemple, rassemble jusqu'Ă  quelques centaines de personnes. Par contre, il y a une dangerositĂ© non nĂ©gligeable, un peu comme dans les autres formes de terrorisme, dans le fait que certains, Ă  deux, trois ou quatre personnes, peuvent Ă  un moment avoir l'envie de passer Ă  l'acte pour marquer de leur empreinte quelque chose. Cette dangerositĂ©-lĂ , elle est plutĂŽt en fonction du climat social et surtout de l'ambiance qu'ils trouvent sur internet, qui est devenu vraiment le lieu de formation, d'information de ces groupuscules. Depuis quelques annĂ©es, l'ambiance sur Internet donne beaucoup de place Ă  ces gens-lĂ , comme aux États-Unis ou ailleurs dans le monde. Au moment des attentats, par exemple du Bataclan notamment, il y avait une recrudescence d'activitĂ© dans tous ces milieux, sur le mode d'une guerre civile larvĂ©e qu'il fallait mettre Ă  jour. Ces gens-lĂ , estiment qu'une guerre civile est dĂ©jĂ  en cours et qu'il faudrait la mettre Ă  jour par des actions. Et c'est lĂ  qu'il y a Ă©ventuellement, bien entendu, danger.  

Cette menace est-elle prise au sérieux par les services du renseignement ?

Elle est prise trĂšs au sĂ©rieux depuis quelques des annĂ©es. Elle a Ă©tĂ© pendant un temps mise sur le cĂŽtĂ©. Dans les annĂ©es 80-90, l'extrĂȘme droite Ă©tait suivie par le renseignement français. Et en tant que chercheur, on avait parfois des Ă©changes avec des gens des services secrets et des services de renseignement. Dans les annĂ©es 90 et 2000, il y a eu une baisse d'attention Ă  l'Ă©gard de ces groupuscules qu'on considĂ©rait comme moins dangereux et cela a pu poser quelques problĂšmes parce qu'il y a eu perte de connaissance, perte de suivi de ces groupes. Et depuis quelques annĂ©es, il y a Ă  nouveau une reprise en main d'un certain nombre de services de renseignement. Il y a une longue histoire entre l'extrĂȘme droite française et les services de renseignement. Beaucoup de gens dans les services de renseignement sont Ă©galement parfois d'extrĂȘme droite et inversement, il y a des renseignements qui venaient de gens qui Ă©taient dans ces groupes.

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