Charlie Hebdo : "La menace n'a pas disparu", témoigne l'ex-responsable de la sécurité Eric Delbecq
Depuis dix ans, les personnalités les plus exposées de la rédaction sont prises en charge par le service de la protection des personnes de la police nationale. Mais il a fallu revoir plus largement l'organisation interne. Après l'attentat, Eric Delbecq est alors devenu le directeur de la sécurité du journal. "Être certain que la sécurité du site est homogène en permanence, superviser cette sécurité et le travail des agents de sécurité privée, sachant que, comme tout le monde le sait aujourd'hui, on a des agents de sécurité privée armés. Et ça veut dire bien sûr une armurie."
Il fallait aussi sécuriser les déplacements publics. L'expert en sécurité intérieure reste volontairement flou, mais c'est bien un travail à 360 degrés qui a été mené. Eric Delbecq devait "repérer sur internet les gens qui émettaient des menaces crédibles et essayer de détecter ceux qui pourraient être vraiment plus dangereux que les autres, ça veut dire aussi s'occuper des dépôts de plaintes. C'est toute une aventure de régler ce genre de dispositif."
Toujours en contact
Pendant les deux ans de sa mission, il a dû s'adapter au traumatisme. "C'est assez difficile d'en parler mais par exemple un dispositif de protection extérieure doit être à la fois compact, hyper-attentif et le plus discret possible, explique Eric Delbecq. On va demander, notamment pour ce qui concernait l'équipe privée, d'être extrêmement détendu, souriant. Ça ne veut pas dire ne pas être vigilant, mais il y a un certain type de comportement à adopter qui exclut la mentalité cow-boy."
Eric Delbecq est toujours en contact avec des membres de Charlie Hebdo. Les discussions ne tournent plus autour de la sécurité, sourit-il, même si la menace n'a pas disparu. "Aujourd'hui, parler, dessiner est une source de menace, constate-t-il. On vit depuis cette période-là tellement d'épisodes qui sont des prolongements de cette violence djihadiste, finalement. L'essentiel de notre population n'a pas toujours en tête qu'à peu près tous les mois et demi, deux mois, la DGSI arrête des gens qui préparent des attentats islamistes."
Cette menace islamiste met à l'épreuve "l'esprit Charlie". Aujourd'hui, si Eric Delbecq prend la plume, c'est avant tout pour revendiquer l'importance, dans notre pays, de la liberté d'expression que des djihadistes ont voulu réduire sous leurs balles.
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