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Voyou, fêtard et jihadiste : qui est vraiment Salah Abdeslam ?

"L'ennemi public numéro 1" a été arrêté vendredi à Bruxelles. Retour sur la vie d'un jeune ordinaire passé des petits larcins aux activités terroristes.

Article rédigé par franceinfo
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Salah Abdeslam sur l'appel à témoins lancé après les attentats du 13 novembre 2015. (DSK / POLICE NATIONALE)

Son portrait a fait la une des médias pendant plusieurs semaines. Yeux marron, cheveux gominés, mal rasé, le visage de Salah Abdeslam reste en mémoire. L'homme de 26 ans, arrêté vendredi 18 mars à Bruxelles, est soupçonné d'être le dernier survivant parmi les jihadistes qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre. Portrait de "l'ennemi public numéro un".

Un enfant "timide et gentil"

Salah Abdeslam est né en 1989 à Bruxelles. Il a grandi dans le quartier défavorisé de Molenbeek, où il n'a pas laissé l'image d'un apprenti jihadiste. Il vivait dans une famille soudée, "ouverte et libérale, pas portée sur la religion", assure Me Olivier Martins, l'ancien avocat de Brahim, le frère de Salah Abdeslam et l'un des kamikazes du 13 novembre.

Salah est "le genre de jeunes qui vous aident à porter vos courses et vous les ramènent chez vous", affirmait à francetv info en novembre un animateur du quartier, Fouad Ben Abdelkader. "Il disait bonjour, était très timide et gentil", selon le président d'un centre de jeunes, Moustafa Zoufri. Les amis de Salah Abdeslam décrivent un "mec à meufs, mignon, beau gosse". Une jeunesse presque ordinaire entre foot, sorties en boîte et cannabis. "De gros buveurs, de gros fumeurs, mais pas des radicalisés", se souvient Youssef, une autre connaissance. Une vie avec peu de place accordée à la religion.

Un petit caïd radicalisé

Salah Abdeslam reste avant tout un petit caïd qui s'est radicalisé au fil des bières dans un troquet de Molenbeek, Les Béguines, géré avec son frère Brahim. Un jour, viennent "les mauvaises rencontres, au mauvais moment", explique Jamal, éducateur et copain des deux frères Abdeslam. Parmi ses copains de quartier, il y a Abdelhamid Abaaoud, future tête d'affiche du jihadisme belge et organisateur présumé des attentats parisiens. 

Avec Abaaoud, Salah Abdeslam se mue en voyou et fait les 400 coups. Ils étaient "tout le temps ensemble", affirment des proches. D'ailleurs, ils se retrouvent derrière les barreaux en 2010 après un braquage. Abaaoud ? "Un chouette gars", dira Abdeslam, entendu en 2015 après le démantèlement de la cellule jihadiste de Verviers, en Belgique. Son ami, parti en Syrie début 2013, est pourtant déjà devenu un personnage important de l'Etat islamique.

Aux Béguines, on fume des joints mais on entend aussi "des discours de l'EI", "des appels à la guerre", racontera un habitué. Au fil des mois, Salah Abdeslam présente un profil de plus en plus déroutant. Il "sortait en boîte", "buvait de l'alcool", "ne faisait pas sa prière" ou alors pas régulièrement, d'après des proches. Le jeune homme fréquente aussi les casinos : en juin 2014 à Breda (Pays-Bas), mi-2015 à Bruxelles. Mais il évoque aussi avec certains ses velléités de départ en Syrie, notamment fin 2014.

Un recruteur pour les commandos du 13 novembre ?

En 2015, ses voyages en Europe deviennent incessants, comme l'a rappelé samedi le procureur de Paris, François Molins. En Grèce début août, puis en Autriche ou encore en Hongrie, où transite le flot des migrants venus de Syrie. Il vient aussi début octobre en Allemagne pour récupérer trois complices potentiels dans un foyer de réfugiés, affirme la chaîne régionale allemande SWR.

Si Salah Abdeslam n'a jamais combattu en Syrie, il semble avoir joué un rôle important dans la logistique pour l'organisation des attentats. Quelques jours avant les attaques du 13 novembre, il loue des voitures et plusieurs logements en région parisienne pour le commando.

Lieutenant, logisticien ou kamikaze raté ?

Pour l'instant, le rôle exact que Salah Abdeslam devait jouer le soir des attentats reste un mystère. Le soir du 13 novembre, il est en tout cas soupçonné d'avoir conduit les kamikazes du stade de France. Il "voulait se faire exploser au stade de France", avant de faire "machine arrière", a-t-il déclaré lors de son premier interrogatoire.

Mais il reste des questions en suspens. Abdeslam est géolocalisé dans le 18e arrondissement de Paris vers 22 heures, puis abandonne une ceinture explosive à Montrouge, au sud de Paris. Il appelle à la rescousse deux amis bruxellois, échappe à trois barrages policiers sur la route du retour vers la Belgique et envoie un ultime SMS à un mystérieux destinataire. Le Français disparaît alors pendant quatre mois et parvient à défier toutes les polices pendant 126 jours en demeurant insaisissable… jusqu'à ce vendredi.

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