Attentats à Paris : "On se dit tous les matins qu'on a de la chance d'être en vie", racontent les blessés
Soixante personnes sont toujours hospitalisées, un mois après les attaques du 13 novembre. Huit d'entre eux sont en réanimation.
Quelque 60 blessés sont toujours hospitalisés, jeudi 10 décembre, un mois après les attentats de Paris. Selon la direction générale de la Santé, huit personnes sont encore en réanimation et placées sous haute surveillance, rapporte Europe 1. Certains de ces blessés, dont la convalescence prendra encore de longs mois, commencent à raconter l'horreur de cette soirée.
Aristide Barraud veut revenir "plus fort"
Aristide Barraud, 26 ans, se trouvait au Petit Cambodge le soir des attentats. Le rugbyman, passé par le Stade Français, a reçu deux balles, à la jambe et au poumon. "Ma récupération se passe bien, écrit-il sur Facebook jeudi 10 decembre, deux semaines après être rentré chez lui. Selon les médecins, je dois la vie à ma force mentale et à ma condition physique."
Aristide Barraud estime, lui, être en vie grâce à l'intervention de Serge Simon. Le consultant de RMC dînait chez des amis, au-dessus du restaurant, au moment de l'attaque. Il est intervenu pour porter secours aux blessés dès le départ des terroristes, rappelle le Rugbynistère.
"La route est encore longue, mais dans quelques mois je serai sur les terrains en pleine capacité physique, poursuit Aristide Barraud. D'ici là, il reste beaucoup d'épreuves, je suis prêt, je reviendrai plus fort."
Merci / GrazieJe suis rentré chez moi il y a 2 semaines. J'ai repris pied jour après jour et découvert vos milliers...
Posted by Aristide Barraud on Thursday, December 10, 2015
Gauthier vit au rythme des rendez-vous médicaux
Gauthier, blessé au Bataclan, voit se succéder les rendez-vous avec un chirurgien et un psychologue. Une balle a ricoché sur son coude alors qu'il faisait le mort dans la salle de concert, lui paralysant une partie de la main, rapporte BFMTV, vendredi 11 décembre.
"C'est juste pas de bol parce que je suis gaucher, et que mon métier consiste principalement à dessiner, témoigne Gauthier, qui pourrait subir une opération pour retrouver l'usage de sa main. Mais je me mets à la place de ceux qui ont eu des blessures beaucoup plus graves."
Si le coude du jeune homme a déjà cicatrisé, la blessure psychologique est difficile à effacer. "Les gens ont pris des balles pour nous. J'ai tendance à dire que je vis pour 130 personnes, avoue Gauthier. On se dit tous les matins en se réveillant qu'on a de la chance d'être en vie. Je pense que c'est un truc qui ne nous quittera jamais."
Aca Pavlovic a "pardonné au pauvre gamin qui s'est fait sauter"
D'autres n'ont pas encore eu la chance de quitter leur lit d'hôpital. Aca Pavlovic vendait des écharpes à l'entrée du Stade de France avec d'autres membres de sa famille, vendredi 13 novembre, selon Le Parisien. Il a reçu plusieurs boulons dans l'abdomen, la tête et les jambes au moment de l'explosion du kamikaze, près du restaurant McDonald's.
Malgré d'importantes douleurs au bras et 23 agrafes à l'abdomen, Aca Pavlovic estime, samedi 5 décembre, avoir "une chance incroyable", celle d'être encore vie. Il a pourtant failli "se foutre en l'air" lorsqu'il a découvert l'état de sa femme, touchée au cerveau par un boulon et qui risque de devenir hémiplégique.
"J'ai pardonné au pauvre gamin qui s'est fait sauter, il a été manipulé ! affirme toutefois le survivant dans sa chambre d'hôpital au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). L'islam n'est pas une religion guerrière." A sa sortie d'hôpital, Aca Pavlovic voudrait rencontrer le président du PSG. "Je voudrais obtenir l'autorisation de dessiner une écharpe aux couleurs du club, explique-t-il. Et je voudrais que les bénéfices de la vente puissent revenir aux victimes des attentats."
Toujours hospitalisé, Cyril attend une greffe d'os
Cyril, 37 ans, a eu le pied arraché par une balle alors qu'il se trouvait au concert des Eagles of Death Metal, au Bataclan. "Je n'arrivais plus à marcher. Je me suis retourné et j'ai vu que j'avais le pied arraché, se remémore-t-il au micro d'Europe1, vendredi 11 décembre. Je me suis fait tirer dessus et je ne l'ai même pas senti."
Il essaye alors de "faire un garrot pour perdre le moins [de sang] possible, mais tout en faisant le mort". Cyril attend pendant plusieurs heures, alors que les terroristes continuent de rôder dans le Bataclan. "On commence à respirer fort, à avoir froid. On n'y arrive plus, on n'a plus de force, confie le blessé, toujours hospitalisé à Saint-Antoine, à Paris. On a peur de mourir, on est dans une flaque de sang."
Cyril a "6 cm de tibia en moins" et n'est pas sûr de pouvoir remarcher. Il doit encore subir une greffe d'os et de peau pour son pied, rapporte Europe 1. "Certains ont pu se reconstruire. Nous, on n'a pas encore franchi cette étape", avoue-t-il.
Laura Croix recommence à peine à parler
Laura Croix est, elle aussi, encore loin de pouvoir "se reconstruire". L'assistante de direction de 31 ans et chanteuse dans un groupe de rock fait partie des blessés de l'attaque au Bataclan. Elle a reçu trois balles à la poitrine et trois à l'abdomen, explique sa mère Danielle, interrogée par BFMTV.
La jeune femme a déjà subi sept opérations chirurgicales : elle souffre d'une fracture du bras, d'une fracture de la hanche, a un éclat de balle logé entre un poumon et le cœur et deux doigts sectionnés à la main gauche. Des blessures lourdes qui ont poussé les médecins à la plonger dans un coma artificiel durant deux semaines.
Laura Croix, "dans un état stationnaire", a prononcé ses premiers mots vendredi 11 décembre. Sa mère, qui fait l'aller-retour entre Trith-Saint-Léger (Nord) et l'hôpital Pompidou à Paris chaque semaine, n'a pas encore évoqué les attentats avec elle, rapporte La Voix du Nord. "Elle le fera auprès des psychologues qui l’entourent depuis mercredi, explique Danielle Croix. Elle est très, très courageuse."
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