Cinq ans après l'affaire Merah : "Pas le droit de baisser les bras", dit la mère de l'une des victimes
Cinq ans après la mort de son fils, le premier soldat tué par Mohammed Merah à Toulouse, Latifa Ibn-Ziaten veut continuer son combat contre l'extrémisme "dans le monde entier".
Cela fait cinq ans, samedi 11 mars, que le sergent chef Imad Ibn-Ziaten a été tué par Mohamed Merah à Toulouse. Il était la toute première victime du tueur au scooter, qui a, au total, abattu sept personnes, dont trois enfants.
Pour Latifa Ibn-Ziaten, la mère d'Imad, cette commémoration est "très difficile" mais pas question d'abandonner son combat dit-elle sur franceinfo samedi matin estimant qu'elle n'a "pas le droit de baisser les bras".
franceinfo : Comment vivez-vous cette période de commémoration ?
Latifa Ibn-Ziaten : C'est très difficile. Je suis au Maroc pour préparer cet hommage des cinq ans et c'est comme si c'était hier. C'est très difficile pour une mère. Chaque jour, chaque heure, ce manque grandit dans mon coeur. Mais je remercie sa Majesté (le roi du Maroc, NDLR) qui a entendu mon appel et qui est en train de préparer un hommage à mon fils.
Pourquoi faites-vous cet hommage au Maroc et non en France ?
Comme mon fils repose au Maroc, je voulais le faire ici. C'était important pour moi. J'ai demandé à sa Majesté le roi s'il pouvait célébrer cet hommage. Il m'a répondu "oui". Je le remercie du fond du coeur.
Hommage officiel à mon fils l'Adjudant IMAD IBN ZIATEN le samedi 11 mars 2017 au cimetière de la ville de M'diq où se repose Imad au Maroc. pic.twitter.com/C1K6tSZ8qT
— Latifa Ibn Ziaten (@LatifaIbnZ) 4 mars 2017
Avec votre association Imad pour la jeunesse et la paix, vous avez inauguré, il y a un peu plus d'un an, un lieu d'échange pour la jeunesse et les parents à Garges-lès-Gonesses, pour notamment prévenir les dérives extrémistes. Où en êtes-vous ?
L'association est toute petite, ça commence, mais on travaille à 100%. Je me rends dans les établissements scolaires et dans deux maisons d'arrêt par mois. Je travaille beaucoup avec les parents. J'essaye d'aider les familles qui viennent me voir, d'avertir des gens qui n'osent pas appeler pour signaler leurs enfants, je les encourage. C'est important car les parents ont parfois honte ou peur. Ils n'osent pas et je dis : "Il faut oser, il faut sauver votre fils, sauver les autres parce que si votre fils passe à l'acte vous souffrirez toute votre vie."
Que dites vous aux jeunes pour les dissuader d'écouter les prêcheurs de haine ?
D'abord, je parle de ma souffrance pour expliquer qui je suis. Ensuite, j'évoque la laïcité, la tolérance, le respect, la fierté d'être français, voire la chance que l'on a de vivre en France. Cette jeunesse a beaucoup de facilités mais rencontre beaucoup de barrières. Je leur dis : "Si vous voulez réussir, ayez confiance en vous, ayez confiance en l'autre, et surtout, démarrez votre moteur et avancez, on a besoin de vous, vous êtes l'avenir." Ces jeunes, je vous l'assure, ils sont là et vous écoutent beaucoup. Ils ont les larmes aux yeux et beaucoup disent : "Madame, pouvez-vous me serrer dans vos bras, j'ai besoin de vous Madame, aidez moi." C'est pour ça que je n'ai pas le droit de baisser les bras aujourd'hui. Je dois continuer mon combat en France, en Europe, au Maroc, dans le monde entier, partout où il le faut.
Beaucoup d'émotion, d'amour, fraternité et tolérance ❤️#VivreEnsemble pic.twitter.com/01MTTu09cy
— Latifa Ibn Ziaten (@LatifaIbnZ) 25 février 2017
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