Décès de Françoise Rudetzki : "Le droit et la cause des victimes en matière terroriste lui doit beaucoup", salue François Molins
Fondatrice de SOS Attentats, Françoise Rudetzki est décédée mercredi à l'âge de 73 ans. Le procureur général près de la Cour de cassation rend hommage à la militante sur franceinfo.
"Le droit et la cause des victimes en matière terroriste lui doit beaucoup", estime François Molins, procureur général près de la Cour de cassation. Il rend hommage mercredi 18 mai sur franceinfo à Françoise Rudetzki, décédée à l'âge de 73 ans. Elle a fondé SOS Attentats, première association de défense des victimes d'actes de terrorisme, après avoir été elle-même grièvement blessée lors d'un attentat en 1983.
François Molins se souvient de "la force de conviction et de l'opiniâtreté" de Françoise Rudetzki. Ils se connaissaient bien. François Molins a instruit plusieurs dossiers liés au terrorisme (affaire Merah, Charlie Hebdo, les attentats de novembre 2015), lorsqu'il était procureur de la République de Paris.
franceinfo : Vous qui la connaissiez très bien, comment vous définiriez Françoise Rudetzki ?
François Molins : C'est une femme de combat. C'est quelqu'un qui avait souffert dans sa chair puisqu'elle a été victime d'un attentat terroriste au Grand Véfour. Elle a réalisé à l'époque le vide sidéral dans lequel on était. Entre 1983 et 1986, il n'y avait pas grand-chose au niveau du terrorisme, il n'y avait pas encore de parquet centralisé, rien n'était fait pour les victimes. Donc, effectivement, elle a œuvré et a combattu toute sa vie pour faire reconnaître le statut de victime. C'est une cause qui, je pense, était éminemment juste parce que quand on est victime du terrorisme c’est l’État qu’on attaque. L'État a des devoirs particuliers à l'égard des victimes des attentats. Elle a pu porter ce message-là auprès des politiques. Elle a pu obtenir ce statut. Elle a fait avancer l'indemnisation des victimes du terrorisme. Et puis, elle n’a eu de cesse de se battre pour faire progresser en qualité, en précision et en justice le dispositif d'indemnisation. Donc, c'est vraiment une femme de combat et qui grâce à son opiniâtreté constante a pu avoir gain de cause sur tous les sujets qu'elle portait. Aujourd'hui, toutes les victimes des attentats en bénéficient heureusement.
Vous avez été chargé de plusieurs attaques majeures survenues en France, est-ce qu'elle vous a permis d'avancer dans certains dossiers ?
C'est quelqu'un que j'écoutais très attentivement parce qu'elle avait effectivement le chic pour pointer du doigt ce qui n'allait pas et qui méritait d'être revu et amélioré. Cétait quelqu'un pour qui j'avais beaucoup de respect. C'était une personne qu'on avait intérêt à écouter parce qu'elle avait une véritable expertise sur tous ces sujets. Elle a été très utile. Si je devais mettre deux qualités en évidence, je dirais la force de conviction et l'opiniâtreté, avec cette capacité à se battre tant qu'elle n'avait pas gain de cause sur les sujets qu'elle portait. Et ça c'est assez admirable. Je pense que le droit et la cause des victimes en matière terroriste lui doit beaucoup.
Que reste-t-il encore à faire dans ce domaine ? Est-ce que l'essentiel du travail a été réalisé dans cette reconnaissance des victimes d'attentats ?
Je dirais, quand même, beaucoup a été fait, quand on voit la place de la France et des dispositifs d'indemnisation dans un paysage international, je pense que la France est plutôt à la pointe aujourd'hui. Pour autant, dire que tout est parfait. Non, certainement pas. Il y a toujours effectivement des choses qu’il faut revisiter et améliorer dans les politiques dans ce domaine. Et ça malheureusement, ça ne sera jamais terminé. On aura et on continuera à avoir besoin de figures Françoise Rudetzki pour porter haut ces sujets.
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