Les associations de victimes du terrorisme réclament un secrétariat d'Etat : "Il y a des situations d'urgence qu'il faut régler"
Alexis Lebrun, porte-parole de l'association d'aide aux victimes Life for Paris, regrette la suppression du secrétariat d'État chargée de l'Aide aux victimes, alors que "beaucoup de choses avaient été faites".
Les associations d'aide aux victimes des attentats réclament un secrétariat d'Etat supprimé depuis le gouvernement d'Edouard Philippe. Le gouvernement propose en échange la création d'un délégué interministériel. Une offre jugée insuffisante par les associations.
"Le fait de tout remettre en cause, qu'on reparte de zéro alors que beaucoup de choses avaient été faites, ce n'est pas vraiment compréhensible", a estimé Alexis Lebrun, porte-parole de l'association d'aide aux victimes Life for Paris, lundi 10 juillet sur franceinfo.
franceinfo : Pourquoi la proposition que fait le gouvernement d'un délégué interministériel vous parait insuffisante ?
Alexis Lebrun : Pour avoir un périmètre d'action suffisant, il faut être sous la tutelle du Premier ministre pour que la personne concernée puisse rassembler tous les ministères concernés. C'était le cas de Juliette Méadel [ancienne secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes], puis de Christian Gravel [ancien secrétaire général à l'aide aux victimes]. Il faut donc bien être sous la tutelle de Matignon et non pas du ministère de la Justice, qui n'a pas le périmètre suffisant pour agir correctement.
Pourquoi supprime-t-on ce secrétariat d'Etat à votre avis?
C'est la grande question, malheureusement. Personne n'est capable de le dire. Et c'est ce qui a suscité de l'incompréhension pour tout le monde. Il y avait un consensus entre toutes les associations, et c'est assez rare, pour dire que les victimes étaient contentes du dispositif qui existait. Le fait de tout remettre en cause, qu'on reparte de zéro alors que beaucoup de choses avaient été faites, n'est pas vraiment compréhensible.
Mais est-ce que cela fonctionnait ? Est-ce que vous aviez l'interlocuteur dont vous aviez besoin ?
Oui. Tout n'était pas parfait, il y avait des choses à améliorer. Mais la France pouvait s'honorer d'avoir mis en place ce secrétariat d'Etat qui n'existe pas dans d'autres pays. Beaucoup de travail avait été fait, il y avait unanimité sur la qualité des avancées réalisées. Aujourd'hui, il y a besoin d'avoir cet interlocuteur, que ce soit pour les associations ou pour les victimes individuellement. C'était des petites équipes facilement identifiables de point de vue communication, et qui étaient souples, c'est-à-dire que vous pouviez les joindre facilement.
L'idée que cela n'avait pas un poids politique suffisant vous-a-t-il traversé l'esprit ?
C'est difficile à croire. On parle beaucoup du sujet du terrorisme à travers la menace mais très peu sous l'angle des victimes, qui sont très nombreuses en France. C'est un enjeu de santé publique pour l'Etat de prendre en charge ces personnes-là.
Est-ce que vous avez un rendez-vous pour remettre tout cela sur la table ?
Nous avons rendez-vous la semaine prochaine. C'est pour cela que je ne peux pas imaginer qu'on va rester dans le flou dans lequel on est depuis plusieurs mois, ce qui est très dommageable. Il faut comprendre qu'il y a des situations d'urgence qu'il faut régler, qu'on ne peut pas ignorer pour des raisons politiques.
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