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Attentat de Trèbes : le récit du face-à-face entre le terroriste et la caissière prise en otage

"Le Monde" et "Libération" dévoilent le contenu des conversations entre Radouane Lakdim et la caissière du Super U qu'il a prise en otage, le 23 mars dernier.

Article rédigé par franceinfo
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Le supermarché Super U de Trèbes (Aude), le 24 mars 2018, au lendemain de l'attaque qui a coûté la vie à quatre personnes. (ERIC CABANIS / AFP)

Le 23 mars, le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame était mortellement blessé par Radouane Lakdim, un jihadiste alors qu'il avait pris la place d'une caissière, prise en otage dans le Super U de Trèbes (Aude). Dimanche 22 juillet, Le Monde et Libération publient le récit du huis clos entre le terroriste et son otage, "à partir des enregistrements de leur conversation [et des] déclarations [de la caissière] aux enquêteurs." 

A 10h40, le vendredi 23 mars, Radouane Lakdim abat froidement Christian Medves, chef boucher du supermarché d'une balle dans la tête, tirée de dos. Quelques instants plus tard, il tire dans le crâne d'un client, Hervé Sosna, qui meurt lui aussi. Julie, une caissière de Super U, se réfugie alors dans une pièce, près de l'entrée du supermarché, mais Radouane Lakdim la retrouve facilement. 

"Je suis actuellement prise en otage par un monsieur armé"

"Il a dit : 'ben tiens, voilà mon otage !'. Il avait son arme à la main. Il avait l’air content de trouver son otage", a-t-elle raconté aux enquêteurs. Elle poursuit : "Assez vite il m’a dit qu’il ne me ferait rien, il m’a demandé de trouver un téléphone. J’ai pris celui qui se trouve derrière la pièce où je me trouvais. A sa demande, j’ai contacté la gendarmerie de Carcassonne."

S'en suit une conversation d'une demi-heure entre Julie, la gendarmerie et le terroriste. 

- " La gendarmerie, j’écoute !

- Oui, bonjour Madame, je m’appelle Julie L., je travaille à Super U Trèbes.

- Oui ?

- Et je suis actuellement euh... prise en otage par un monsieur armé.

- D’accord, il a une arme sur votre tête ?

- Oui.

- C’est un pistolet ou c’est un fusil ?

- Euh… un pistolet… avec euh… avec un couteau et deux grenades."

"Le monsieur dit qu’il est un soldat de l’Etat islamique"

Puis, l'enregistrement permet d'entendre la voix de Radouane Lakdim. 

 "Tu dis… je suis un soldat de l'Etat islamique.

- D’accord. Alors, le monsieur dit qu’il est un soldat de l’Etat islamique... en représailles, parce que la France a bombardé la Syrie, l’Irak et le Mali, hein...Vous bombardez mes frères... Alors maintenant il faut assumer les conséquences... Ok ?

- D'accord on envoie beaucoup de..., répond la gendarme aussitôt interrompue par le terroriste.

C'est compris ou pas ? Je vous attends à Super U à Trèbes… Venez, venez, vous allez voir… on va voir si vous avez des couilles.

- D'accord."

"Je veux mourir aujourd’hui"

Le terroriste confie par la suite son envie de "mourir aujourd’hui". "Moi, je ne suis pas prête à ça", lui répond la caissière. Radouane Lakdim évoque également, dans un discours confus, l'impossibilité de son départ en Syrie, sa fiche S. Il prend Mohamed Merah et les frères Coulibaly en exemple. Il se vante aussi d'avoir fait des premières victimes avant d'arriver au Super U de Trèbes. "J'en ai fait quatre d'attentats, j’ai tué des pédés là-haut aussi (...) Bien fait pour lui... j'suis arrivé à l'improviste, ils étaient cachés, je leur ai mis deux balles dans la tête... Sans pitié..."

Après 16 minutes d'échanges à huis clos, la gendarmerie de Trèbes appelle sur un téléphone du magasin. Le terroriste explique alors qu'il réclame la libération de Salah Abdeslam, seul survivant des commandos terroristes du 13-Novembre. Puis, à 11h24, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame se propose en échange de la libération de Julie, en tant que représentant du "gouvernement". Lakdim accepte. "Ok, je vais sortir doucement", dit la caissière. A 14h16, le gendarme hurle : "Assaut, assaut." Le terroriste est tué de quatre balles dans la tête. Arnaud Beltrame est grièvement blessé, il succombera le lendemain à l'hôpital. 

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