Procès de l'assassinat de Samuel Paty : "On a un sentiment d'incompréhension", explique l'avocat de l'un des condamnés
Brahim Chnina, le père de la collégienne à l'origine du mensonge, a été condamné vendredi 20 décembre à 13 ans de réclusion criminelle au procès de l'assassinat de Samuel Paty. Au micro de franceinfo, son avocat Frank Berton parle de "verdict écrit depuis le départ".
Ce verdict "qui va au-delà des réquisitions" s'inscrit, selon lui, "dans une accusation qui n'a pas été portée par le parquet général mais qui a été téléguidée par les parties civiles depuis le premier jour". "On a un sentiment d'incompréhension", explique l'avocat qui affirme avoir voulu expliquer "ce que finalement on ne voulait pas entendre, comme si la justice était faite pour apaiser l'opinion publique et pas pour juger des gens".
Frank Berton affirme que son client "réfléchit à faire appel" et qu'"une décision sera prise prochainement". Il assure que son client, Brahim Chnina, ne comprend pas le verdict : "Cet homme a expliqué depuis le premier jour qu'il n'avait rien d'un terroriste [...] et que jamais il n'avait pu imaginer dans le message qu'il avait posté sur les réseaux que quelqu'un à l'autre bout de la France pourrait s'en servir pour exécuter le professeur Paty."
"Je ne sais pas où est la justice dans ce verdict"
Louise Tort, avocate aussi de Brahim Chnina, affirme vendredi sur franceinfo que son client ne comprend pas comment sa peine a pu aller "au-delà de ce qui est demandé par l'accusation". "Il ne comprend pas la qualification, la réponse pénale. Il est accablé", assure Louise Tort.
L'avocate se dit elle-même "sans voix" : "Je ne sais pas où est la justice ni dans le verdict, ni dans le déroulement de cette audience, je ne comprends pas comment on peut arriver à une catastrophe pareille." Selon elle, "ce qui est normalement hors du débat judiciaire, ce qui normalement doit rester à la porte de la Cour d'assises [...] est entré" pendant l'audience.
"Je ne sais même pas pourquoi on est venus", poursuit l'avocate qui parle de "mascarade". "Vous allez briser un homme, il sera brisé sous une espèce de rouleau compresseur et je trouve ça désespérant, je suis ulcérée", ajoute-t-elle. "Pourquoi organiser ces procès si c'est pour finalement avoir une vengeance, une loi du talion, une justice qui n'en a finalement que le nom ?", questionne-t-elle avant de conclure : "On est en train de nous prendre pour des abrutis. Ce verdict est plus politique qu'humain et avoir participé à ça est une honte."
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