Pourquoi "Libération" n'a pas fait sa une sur l'attaque à Strasbourg
Au lendemain de la fusillade dans le centre-ville de Strasbourg, certains journaux n'ont pas pu consacré les gros titres de leur couverture à cet évènement. Explications.
C'est une couverture qui fait beaucoup réagir. Au lendemain de la fusillade à Strasbourg, Libération consacre le principal titre de la une de son édition du mercredi 12 décembre à l'interpellation de 150 lycéens de Mantes-la-Jolie. Seule une manchette renvoie à l'attaque qui a fait au moins trois morts et douze blessés, selon un bilan à 12h30 du procureur de la République de Paris. Un choix qui a surpris de nombreux lecteurs et internautes, certains dénonçant cette décision éditoriale du quotidien sur les réseaux sociaux.
A la une de Libé ce mercredi https://t.co/fqdrde1gFD pic.twitter.com/4F30YzWsOd
— Libération (@libe) 11 décembre 2018
La une de @libe. Inutile d’être un expert des médias pour en voir la cynique abjection. Dénoncer sur 3/4 de page une opération de maintien de l’ordre contre de jeunes émeutiers (zéro blessé) et laisser le petit quart qui reste au carnage terroriste à Strasbourg. Lamentable. pic.twitter.com/BnW0XIa4dR
— Jérôme Godefroy ® (@jeromegodefroy) 12 décembre 2018
Une fois de plus #Libération me donne la nausée.
— Julien Bahloul (@julienbahloul) 12 décembre 2018
3 morts dans une attaque terroriste à #Strasbourg, les policiers en 1ère ligne pour protéger les Français mais ce journal décide de faire sa Une sur « une humiliation » et de critiquer les forces de l’ordre.
La nausée. pic.twitter.com/pLgiNj35BR
"Nous avons décidé mardi dès 10 heures du matin d'ouvrir le journal avec cette enquête", explique une source interne de Libération, contactée par franceinfo. Et les contraintes de bouclage du quotidien ne leur ont pas permis de modifier cette décision : "Nous bouclons le journal à 20 heures, les premières informations que nous avons eues [sur la fusillade de Strasbourg] sont tombées juste un peu après."
"On ne savait rien au moment du bouclage"
En effet, la première alerte de l'Agence France Presse concernant la fusillade est tombée à 20h40. "On avait une heure pour trouver des informations et à ce moment-là, on ne savait pas grand chose. Il y avait un mort et aucune caractérisation concernant cette attaque. Encore une fois, on ne savait rien au moment du bouclage, même en le retardant."
Dans le sud de la France, les premières impressions commencent à 21h30. Si nous voulions que le journal soit en kiosque le lendemain on ne pouvait pas retarder plus.
Une source interne à "Libération"à franceinfo
Dans un billet publié mercredi dans la matinée, le directeur de la rédaction Laurent Joffrin a réagi aux critiques, évoquant "une polémique à la fois compréhensible et injuste". "Nous n’avons évidemment pas pensé une seconde qu’un attentat à Strasbourg puisse être moins important que l’affaire des lycéens de Mantes-la-Jolie", écrit-il, précisant qu'il ne restait que "cinq minutes pour modifier la une (...) sauf à prendre le risque de ne pas être distribués". Le quotidien n'est pas le seul à avoir rencontré ce souci, explique d'ailleurs un journaliste de la rédaction, en faisant référence à la couverture du journal La Croix.
Les journaux pour des questions de coût ne bouclent pas à la même heure, c’est 20h pour Libé avec ensuite des modifications mineures possibles. La Croix boucle à 17h et ne l’évoque pas mais là ça ne vous dérange pas? (vu votre ton je crois que ça ne sert à rien de l’expliquer) pic.twitter.com/cAhdvLQp8I
— Quentin Girard (@quentingirard) 12 décembre 2018
Malgré cette contrainte de bouclage et d'horaires, Libération a quand même traité en page 14 l'attaque survenue dans le centre-ville de Strasbourg. La une de l'édition de jeudi sera consacrée à la fusillade, apprend-t-on par un des journalistes de la rédaction sur Twitter.
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