Attaque du Thalys : l'itinéraire trouble d'Ayoub El Khazzani, le terroriste présumé
Interpellé vendredi à Arras (Pas-de-Calais), le terroriste présumé était fiché par les services de renseignement français et espagnols. Mais l'itinéraire de ce Marocain de 25 ans reste obscur.
En garde à vue depuis samedi 22 août dans les locaux de la sous-direction de l'antiterrorisme à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Ayoub El Khazzani répond par bribes aux enquêteurs sur ses motivations et son parcours. Le suspect de l'attaque survenue, vendredi 21 août, dans le Thalys Amsterdam-Paris nie toute volonté terroriste. Il assure avoir agi dans l'intention de commettre un braquage. Une version qui ne tient pas selon les enquêteurs.
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L'homme, démasqué par ses empreintes digitales, est bien connu des services de renseignement français et espagnols. Mais de nombreuses zones d'ombre subsistent sur son itinéraire. Ce ressortissant marocain, connu pour son appartenance à la mouvance islamiste radicale, se serait rendu en France et en Syrie en 2014. Un parcours que ne confirment pas les services français.
De 2007 à 2014, le suspect vit en Espagne
D'après une source des services antiterroristes espagnols, Ayoub El Khazzani aurait vécu en Espagne durant sept ans, entre 2007 et mars 2014. Il se serait installé à Madrid avant de rejoindre la région d'Algésiras (Andalousie). Le suspect de l'attaque du Thalys, qui vit alors de petits emplois, est connu de la police locale : il sera condamné à deux reprises en 2013 pour trafic de drogue.
Le quotidien d'Ayoub El Khazzani en Espagne retient l'attention des services de renseignement espagnols. Le jeune musulman fréquente une mosquée salafiste très radicale de la région d'Algésiras et entretient de mauvaises fréquentations, rapporte le JDD. Les Espagnols pensent, à l'époque, que l'homme a l'intention de se rendre en France pour rejoindre une connaissance dans la région parisienne. Ce possible déplacement est signalé à la Direction générale de la sûreté intérieure (DGSI). Dans la foulée, les services de renseignement français établissent une fiche "S", pour sûreté de l’Etat, afin de mieux suivre ses déplacements.
Un possible "passage en France"
Les autorités françaises perdent la trace d'Ayoub El Khazzani entre mars 2014 et mai 2015. Les informations sur l'itinéraire du suspect sont contradictoires. Selon Madrid, le suspect serait parti de France pour se rendre en Syrie avant de revenir dans l'Hexagone, rapporte Europe 1. Les services de renseignement français assurent qu'il n'a jamais été signalé dans le pays. Selon son avocate, citée par Le Parisien, Ayoub El Khazzani a toutefois indiqué aux enquêteurs avoir voyagé "en Espagne, à Andorre, en Belgique, en Autriche, en Allemagne et avoir fait un passage en France" au cours des six derniers mois.
Le père du jeune Marocain, Mohamed El Khazzani, semble confirmer ce séjour dans l'Hexagone au cours d'une interview au journal britannique The Telegraph. Il indique que son fils se serait rendu en France pour un contrat de six mois au sein d'une entreprise française de télécommunications. "Après un mois, on les a jetés [les employés de cette société]. Alors à ce moment, il est en France, pas en Espagne. Qu'est-ce qu'il est censé faire ? Qu'est-ce qu'il est censé manger ?", s'est ému le père du suspect.
Signalé à Berlin le 10 mai 2015
Le 10 mai 2015, la fiche a "sonné", selon le jargon des enquêteurs. Ayoub El Khazzani est contrôlé à Berlin par les autorités allemandes alors qu'il s'apprête à prendre un vol de la Germanwings pour Istanbul (Turquie). Un itinéraire privilégié par les futurs jihadistes européens qui souhaitent rejoindre la Syrie. Mais, devant les enquêteurs, le suspect nie s'être rendu en Turquie et en Syrie.
Le signalement remonte aux services français qui s'empressent de prévenir leurs homologues espagnols. Ces derniers assurent que l'individu a rejoint le nord de la Belgique depuis plusieurs mois.
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