Trafic de drogues : le parquet de Bobigny demande un procès contre 19 personnes dont la maire de Canteleu

Mélanie Boulanger, maire socialiste de Canteleu (Seine-Maritime), et l'un de ses adjoints sont soupçonnés de "complicité de trafic de stupéfiants".
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Normandie
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La maire socialiste de Canteleu et l'un de ses adjoint sont poursuivis pour complicité de trafic de stupéfiants. (YVES-RENÉ TAPON / RADIO FRANCE)

Le parquet de Bobigny a requis, dimanche 24 décembre, le renvoi en correctionnelle de Mélanie Boulanger, maire socialiste de Canteleu (Seine-Maritime) depuis 2014 et de l'un de ses adjoints pour "complicité de trafic de stupéfiants", ont appris France Bleu Normandie et franceinfo de sources concordantes, confirmant une information du journal Le Monde. Cette réquisition s'inscrit dans le cadre de l'information judiciaire ouverte depuis septembre 2019 pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs.

Dans cette affaire de vaste trafic de stupéfiants en Seine-Maritime, dans l'Eure et en région parisienne, 19 personnes avaient été arrêtées et placées en garde à vue, dont 17 à Rouen, le 8 octobre 2021. Parmi elles, la maire de Canteleu et son adjoint au développement économique, Hasbi Colak.

Sur ces 19 interpellations, huit des gardés à vue dont la maire et son adjoint, avaient été remis en liberté deux jours plus tard, le dimanche, sans aucune charge retenue contre eux et sans avoir été présentés à un juge d'instruction. Lors d'une conférence de presse après sa remise en liberté, le 11 octobre 2021, l'élue socialiste avait déclaré que sa garde à vue était "injustifiée". Les 11 autres personnes interpellées avaient été mises en examen par le parquet de Bobigny en octobre 2021, pour divers motifs. Parmi eux, huit personnes vivant en Normandie et trois en Île-de-France.

Un "système mafieux avec des connexions au Maroc"

Les enquêteurs, qui suivent ce dossier depuis 2019, évoquent un vaste réseau de drogues et de blanchiment d'argent sur l'agglomération rouennaise. Une source proche du dossier décrivait un "système mafieux avec des connexions au Maroc" à France Bleu Normandie. Au total, environ un million d'euros de biens mobiliers ont été saisis, des voitures, des comptes bancaires, 340 000 euros en liquide, des armes à feu, 75 kg de produits de coupe, 15 kg d'héroïne et 6 kg de résine de cannabis.

Une source proche de l'enquête confiait à France Bleu Normandie qu'une famille "bien implantée localement pour avoir "une influence politique" avec "des connexions et des liens avec la mairie", intéressait les enquêteurs. C'est ce qui avait justifié les gardes à vue de Mélanie Boulanger et de son adjoint. Toujours selon cette source, quatre frères dont l'âge varie entre la vingtaine, pour le plus jeune, et la quarantaine, pour le plus âgé, sont à la tête de ce réseau de trafic. Deux d'entre eux avaient été interpellés en 2021, deux autres étaient en fuite depuis plusieurs années à l'étranger.

Le juge d'instruction de Bobigny avait mis trois personnes en examen, présentées comme des "lieutenants" de la famille par une source proche du dossier. Le procureur de la République de Bobigny Eric Mathais précisait qu'il "appartiendra au juge d'instruction d'apprécier les suites à donner concernant ces personnes au regard des éléments recueillis dans le cadre de l'information judiciaire".

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