Eure-et-Loir. Un détenu s'évade de prison par peur pour sa vie
Il raconte avoir été brutalisé par ses codétenus pour une affaire de drogue dans le centre de détention de Châteaudun, où un surveillant s'est suicidé en 2011.
FAITS DIVERS – Il devait sortir à la fin de l'année, mais risque désormais trois ans de prison. Stéphane Raye, un Tourangeau de 35 ans condamné pour récidive de conduite en état d'ivresse, s'est échappé le 21 novembre de la prison de Châteaudun (Eure-et-Loir) pour sauver sa peau. C'est ce qu'il explique dans un article publié sur le site de L'Echo républicain (PDF) mercredi 12 décembre.
Il raconte avoir déjà été passé à tabac par des codétenus après avoir refusé de rapporter de la drogue au retour d'une permission de sortie. Lors de sa dernière permission, il n'avait pas réussi à réceptionner les marchandises exigées par des dealers. Il a donc choisi de ne pas rentrer au centre de détention, par peur des représailles.
Les familles des détenus menacées
Selon lui, ses codétenus l'auraient en effet menacé de s'en prendre à sa femme et à ses deux enfants. "C’est allé trop loin. Je veux rentrer en prison finir ma peine. Mais on fait comment ? Si je retourne à Châteaudun, je suis mort. Et je n’ai pas envie que ma femme et mes enfants finissent dans un coffre de voiture", déclare-t-il dans les colonnes du quotidien local.
A Châteaudun, "les familles sont suivies jusque sur le parking pour leur mettre la pression", affirme Stéphane Raye. Sa compagne confirme : "Les dealers continuent à gérer leur trafic depuis la prison et ils se font livrer de la drogue. Quand je me gare sur le parking, on se faufile avec d’autres visiteurs derrière des poteaux pour ne pas se faire menacer."
Stéphane Raye a donc demandé à pouvoir finir sa peine dans un autre centre de détention. Mais selon Europe1.fr, l'administration pénitentiaire n'a pas souhaité réagir à ce témoignage, pourtant jugé crédible par le délégué syndical de Force ouvrière et l'ONG de défense des prévenus Robin des lois.
La prison accueille "les détenus les plus durs"
"Cela fait de nombreuses années que nous dénonçons la zone de non-droit au sein du centre de détention", explique le délégué syndical de Force ouvrière à L'Echo républicain.
"Nous recevons aujourd’hui les détenus les plus durs (…). Sur les 600 détenus, une trentaine devraient être transférés, car ils recréent le 'phénomène de la cité'. La conséquence, ce sont des actes de violence au quotidien pour les autres détenus et les surveillants", raconte l'homme, surveillant à Châteaudun depuis l'ouverture de la prison en 1991, et qui juge la situation "difficile pour certaines familles, qui ont peur de venir aux parloirs".
Un surveillant suicidé, un détenu mort "pour un yaourt"
Le 13 janvier 2011, Didier Rauch, surveillant à Châteaudun depuis 1996, est retrouvé pendu. L'homme de 37 ans, marié et père de deux jeunes enfants, s’est fait
agresser par des détenus à plusieurs reprises, en 2001, 2004, 2006 et 2009.
"L’accumulation le replongeait sans cesse dans une dépression", raconte L'Echo républicain (PDF) le 5 décembre. Les psychiatres expliquent son geste par "les agressions successives dont il a été victime".
Durant l'été 2006, un détenu de la prison avait été battu à mort pour le vol d'un yaourt, selon un prisonnier contacté par Libération. Aucun surveillant n'était à son poste, raconte-t-il. Pour Cédric Fourcade, de la CGT Pénitentiaire, "le centre de détention de Châteaudun souffre d'être utilisé comme déversoir des maisons d'arrêt de la région parisienne".
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