Viol d'une adolescente de 12 ans à Courbevoie : ce que l'on sait de l'affaire de violences à caractère antisémite
L'affaire suscite une très vive émotion, dans la communauté juive et au-delà. Deux adolescents de 13 ans ont été mis en examen, mardi 18 juin en fin de soirée, pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences à caractère antisémite sur une adolescente de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine), ville à l'ouest de Paris. Un troisième suspect, de l'âge de la victime, a été placé sous le statut de témoin assisté pour viol et mis en examen pour les autres infractions visées par l'enquête, a précisé le parquet de Nanterre. Lors du Conseil des ministres, mercredi, le président de la République, Emmanuel Macron, a demandé qu'un "temps d'échanges" sur le racisme et l'antisémitisme soit organisé dans les écoles. Franceinfo rassemble ce que l'on sait de cette affaire.
Des faits dénoncés samedi soir par une fille de 12 ans
Les faits se sont déroulés samedi, en début de soirée, selon une source policière à franceinfo. D'après le récit de la victime, les suspects l'ont rejointe dans un parc à proximité de son domicile. Les trois adolescents, dont l'un était son ex-petit ami, l'ont entraînée dans un hangar. L'adolescente affirme que ses agresseurs l'ont traitée de "sale juive" et lui ont demandé "pourquoi elle ne disait pas qu'elle était juive", a appris franceinfo de source proche de l'enquête. L'adolescente lui a répondu vouloir "se protéger" d'une éventuelle agression. Ils l'ont menacée de la brûler, l'ont insultée et frappée, avant de la violer tous les trois, l'un après l'autre. Selon la victime, l'un des agresseurs a filmé la scène.
L'adolescente a été prise en charge par les sapeurs-pompiers et transportée à l'unité médico-judiciaire de Garches (Hauts-de-Seine), d'après l'AFP. A la suite de ces dénonciations, une enquête en flagrance pour viol aggravé sur mineur de 15 ans a été ouverte. Les investigations ont d'abord été confiées au commissariat de Courbevoie, puis, dès le lendemain, à la Brigade territoriale de protection de la famille des Hauts-de-Seine.
Trois garçons de 12 et 13 ans mis en cause
L'enquête a permis d'interpeller et de placer en garde à vue, lundi, en milieu de journée, deux mineurs âgés de 13 ans. Un troisième adolescent plus jeune, âgé de 12 ans, a lui été placé en retenue, comme le prévoit la loi pour de jeunes mineurs.
Présentés à un juge d'instruction mardi après-midi, deux d'entre eux sont, dans le cadre d'une information judiciaire, mis en examen pour viol aggravé, agression sexuelle, tentative d'extorsion et violences commises en réunion, sur mineur de 15 ans, ainsi que pour atteinte à l'intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l'image d'une personne présentant un caractère sexuel, menace de mort réitérée et injure, "à raison de la religion", la victime étant de confession juive. Une circonstance aggravante uniquement retenue pour les insultes et menaces de mort, et non pour le viol et les agressions sexuelles. Ces deux mineurs ont été placés en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention.
Le troisième garçon, âgé de 12 ans, a été placé sous le statut de témoin assisté concernant les faits de viol, mais il est mis en examen pour le reste des infractions. Il fait l'objet d'une mesure éducative judiciaire provisoire.
La communauté juive fait part de son "immense émotion"
"Nul ne saurait être dédouané face à ce déferlement antisémite sans précédent", a commenté sur le réseau social X le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui se dit "horrifié".
Le président du Consistoire central, Elie Korchia, a exprimé mardi soir dans un tweet son "soutien à cette jeune victime, de confession juive, qui a subi un viol et des agressions insupportables". Il déplore "un crime sexuel sordide et ignoble qui nous émeut profondément". Sur le même réseau social, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dit son "immense émotion face au viol tragique de cette jeune fille". Le Crif assure qu'il suivra "avec vigilance tous les développements de cette affaire extrêmement inquiétante".
Le collectif Nous Vivrons, né au lendemain de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, appelle à manifester à Paris, mercredi à 18h30, pour "condamner le viol antisémite de cette jeune fille".
"Le viol est un outil de destruction au service de la haine et lorsque des enfants violent des enfants, c'est aussi la société tout entière qui doit se poser la question de sa responsabilité face à la violence, l'antisémitisme et la misogynie à l'œuvre dans notre pays", a réagi, de son côté, la Fondation des femmes.
De multiples réactions politiques, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen
Alors que cette affaire surgit en pleine campagne pour les législatives anticipées, les responsables politiques n'ont pas manqué de commenter et de condamner les faits. Le maire Les Républicains (LR) de Courbevoie, Jacques Kossowski, est le premier à avoir réagi. "C'est un acte abject, on ne peut pas penser que ça existe encore", a-t-il déclaré à l'AFP. "Ce que j'espère, c'est que la justice puisse condamner fermement ces agresseurs, quel que soit leur âge", a poursuivi l'édile.
"Viol, antisémitisme : tout est abominable dans ce crime", a réagi la ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet. Sylvain Maillard, ex-président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, a confié son "horreur devant ce viol antisémite". "L'antisémitisme doit être combattu dès le plus jeune âge et puni sévèrement", a-t-il martelé.
A gauche, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a fustigé le "fléau" de "la haine antisémite". "La lutte contre l'antisémitisme doit être menée sans faiblesse et sans répit", a-t-il insisté. "Les mots me manquent devant ce récit d'horreur", a réagi, mercredi, la patronne des Verts, Marine Tondelier. "L'antisémitisme, les violences faites aux femmes, sont des plaies béantes de notre société. Nous devons regarder cette réalité en face et agir résolument", a-t-elle écrit sur le réseau social X.
Dans la foulée, le député sortant de la Somme François Ruffin a aussi dénoncé, sur X, un "horrible viol antisémite". "Ce crime odieux doit nous percuter au plus profond, sur ce qu'il révèle : le machisme crasse de jeunes hommes pour qui le corps des femmes est une chose, qui leur appartient", a-t-il lancé. "Horrifié par ce viol à Courbevoie et tout ce qu'il met en lumière concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge, et du racisme antisémite", a déclaré, dans la même veine, Jean-Luc Mélenchon, régulièrement accusé de propos ambigus sur l'antisémitisme.
Ses propos ont d'ailleurs provoqué une réaction chez Marine Le Pen, qui s'est également exprimée sur X. La cheffe de file du Rassemblement national a dénoncé "l'agression antisémite et le viol d'une enfant de 12 ans", avant de critiquer "la stigmatisation des juifs depuis des mois par l'extrême gauche à travers l'instrumentalisation du conflit israélo-palestinien". "Chacun devra en avoir pleinement conscience les 30 juin et 7 juillet", a conclu la responsable du parti d'extrême droite, en référence aux dates du premier et du second tour des législatives anticipées. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a également dénoncé sur X "un acte monstrueux et abject", assurant la victime et ses proches de sa "solidarité", et disant sa "colère" et sa "détermination" à lutter contre l'antisémitisme.
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