Xavier Dupont de Ligonnès : sa sœur Christine donne dans un livre une version "fantasmagorique" de l'affaire
Elle pense que son frère est vivant et elle veut "restaurer son vrai visage". Christine Dupont de Ligonnès, sœur de l'homme le plus recherché de France, publie, mercredi 13 mars, un livre intitulé Xavier mon frère présumé innocent, coécrit avec son mari Bertram de Verdun. Depuis samedi, le couple est invité dans plusieurs médias pour développer sa thèse sur l'affaire criminelle la plus médiatisée de ces dernières décennies. Suspecté d'avoir tué son épouse et ses quatre enfants, en avril 2011 à Nantes (Loire-Atlantique), Xavier Dupont de Ligonnès n'a jamais été retrouvé, en dépit du mandat d'arrêt international lancé à son encontre.
Les corps d'Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants, âgés de 13 à 21 ans, ainsi que les cadavres des deux chiens du couple, ont été retrouvés, le 21 avril 2011, enterrés sous la terrasse de la maison familiale, dans le jardin. Mais pour Christine Dupont de Ligonnès, il s'agit d'une "mise en scène". Face à Léa Salamé, sur le plateau de l'émission "Quelle époque", diffusée sur France 2 samedi 9 mars, elle explique qu'elle croit à la théorie selon laquelle Xavier Dupont de Ligonnès aurait été exfiltré aux Etats-Unis avec sa femme et ses enfants par les services de renseignement américains. Il s'agit de la version donnée dans une lettre écrite par son frère et adressée à des proches pour expliquer l'absence de la famille.
Or, cette lettre, qui constitue "la base de l'enquête", n'est "qu'une pure fiction", selon la journaliste Anne-Sophie Martin, qui a enquêté longuement sur cette affaire et en a tiré un livre, Le Disparu. "C'est une lettre qui donne du grain à moudre à ses proches pour qu'ils le défendent", estime-t-elle auprès de franceinfo.
Des erreurs d'autopsies "extrapolées"
Les cinq dépouilles ensevelies sous la terrasse ne seraient donc pas les corps d'Agnès, Benoît, Anne, Thomas et Arthur Dupont de Ligonnès ? "Les multiples anomalies que nous exposons laissent soupçonner la possibilité d'une substitution", déclare leur tante et belle-sœur, dans Paris Match. Au cours de l'interview accordée à l'hebdomadaire, elle détaille ensuite des incohérences qui apparaissent, selon elle, dans l'autopsie. Celle-ci "est bâclée", a maintenu son avocat Stéphane Goldenstein, mardi sur Europe 1.
"Il est vrai que dans le rapport de l'institut médico-légal de Nantes figurent des erreurs matérielles, sur la taille d'Agnès par exemple. Il y a aussi confusion entre deux garçons de la fratrie", pointe Anne-Sophie Martin, qui a pu consulter le dossier de l'enquête, toujours en cours d'instruction au tribunal judiciaire de Nantes. "Mais Christine Dupont de Ligonnès extrapole", souligne la journaliste, qui précise que l'autopsie établit, par ailleurs, que des somnifères ont été administrés aux enfants.
Lors de l'enquête d'Anne-Sophie Martin sur l'affaire pour le magazine "Envoyé spécial", diffusé sur France 2 en octobre 2013, la procureure de la République de Nantes lui avait confirmé, face caméra, que les corps étaient bien ceux d'Agnès Dupont de Ligonnès et des enfants du couple, sur la base des résultats d'analyses ADN. "Pour nous, c'est très insuffisant, puisque personne n'a pu les approcher", ont toutefois appuyé Christine Dupont de Ligonnès et son mari sur RTL, mercredi matin.
"On n'est pas obligé de les suivre ni de dire que ça tient"
Pour son enquête, Anne-Sophie Martin avait rencontré le couple en 2013. La thèse que la sœur et le beau-frère de Xavier Dupont de Ligonnès défendent aujourd'hui était déjà celle qu'ils soutenaient à l'époque. Ils avaient ensuite écrit un blog, fermé depuis, pour exposer les failles du dossier et de l'enquête, ainsi que l'interprétation qu'ils en tiraient. "Ce livre était en gestation depuis longtemps, confirme à franceinfo leur avocat Stéphane Goldenstein. Ils se sont décidés à tout poser par écrit, maintenant, à charge et à décharge, avec leur propre conclusion."
"C'est fantasmagorique. Quand les familles se constituent partie civile, elles ont accès au dossier. Ils ont le droit d'avoir leur version, mais on n'est pas obligé de les suivre ni de dire que ça tient", souligne de son côté Anne-Sophie Martin. Alors que Christine Dupont de Ligonnès regrette que son frère soit "condamné sans procès", la journaliste invite à respecter la présomption d'innocence : "Il n'existe pas de preuves matérielles et formelles de sa culpabilité." Mais de nombreux éléments graves et concordants subsistent aux yeux de la justice, qui font toujours de Xavier Dupont de Ligonnès le suspect numéro 1 du quintuple assassinat, quoi qu'en pense sa sœur.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.