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Faut-il voler au secours de l’automobile ?

PSA vient d'annoncer la fermeture de son site d'Aulnay. Renault demande le retour des subventions d'Etat pour soutenir la production française, mais pour PSA ce n'est pas la meilleure solution. 

Article rédigé par Floriane Louison
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Sur les cinq derniers mois, les ventes de Renault ont dégringolé de 12%. ( REUTERS)

En grande difficulté financière, PSA vient d'annoncer la suppression de 8 000 emplois en France, et l'arrêt de la production industrielle sur son site d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Avec des chiffres de vente en France catastrophiques sur les cinq premiers mois de l’année, le secteur automobile préoccupe industriels et gouvernement. Selon Les Echos, Renault a dégringolé de 12% et PSA Peugeot Citroën de 28,5% depuis janvier. D'après les chiffres du gouvernement, le secteur représente 10% de l'emploi salarié, soit 2,5 millions d'actifs souligne Le Monde.fr (article payant).

Faut-il, comme l’avait fait l’Etat lors de la crise de 2008, venir au secours de l'automobile?

• Renault dit oui : "Toute sorte de mesure de soutien est bonne à prendre"

Du côté de Renault, on réclame le retour des subventions. Carlos Tavares, le numéro 2 du groupe, a déclaré mardi 12 juin : "Ce que j'appellerai de mes vœux, c'est qu'on soutienne le marché français et le marché européen."

Mais il est resté vague sur le type de mesures pour relancer les ventes de voitures dans l'Hexagone. "Toute sorte de mesure de soutien, dès lors qu'elle booste la demande, est bonne à prendre, a-t-il expliqué. Il est plus important de maintenir le bateau à flot tant qu'il n'a pas pris l'eau, plutôt que d'essayer d'écoper une fois qu'il a pris l'eau."

• PSA dit non : "Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux"

"On a déjà mis en place des primes à la casse dans plusieurs pays. Et, étant donné l'état du marché européen actuellement, je ne suis pas sûr que ça soit ce qu'il y a de mieux à faire", a estimé lundi le directeur général de la marque française Citroën, Frédéric Banzet.

Il avance deux arguments. "Une prime à la casse a pour effet de gommer un trou très violent du marché. Là, on n'est pas dans un trou très violent", a-t-il fait valoir. Deuxième effet pervers : ce type de subventions gonflent artificiellement les ventes, comme l'explique Franceinfo.fr, mais la chute n’en est que plus rude. Si le marché français s’est écroulé de plus de 17% en ce début d’année, c’est justement à cause de l’arrêt de la prime à la casse. 

• Les syndicats sont "réservés"

La CFE-CGC métallurgie s'est dite favorable à des mesures d'aide au secteur automobile. Mais elle pose une condition : le maintien des emplois en France.

La CFE-CGC note que "le principe de la prime à la casse a sans aucun doute permis aux constructeurs nationaux de se refaire une santé financière au cours des deux années précédentes" mais se dit "réservée sur la réelle efficacité de cette mesure face à la problématique du maintien des emplois."

L’intervention, en effet, a eu une efficacité très limitée sur l’emploi. Si les ventes ont augmenté de 7,5% sur la période, la production tricolore a baissé de 4,6%. Car les subventions ont surtout dopé les achats de petites voitures, dont la production est largement délocalisée à l’étranger.

• Le gouvernement reste flou

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a révélé, mercredi 13 juin, qu’il étudiait la demande de Renault. "Le secteur automobile fait l'objet aujourd'hui d'une instruction particulière au ministère", a t-il souligné, tout en restant flou sur l'éventualité d'une aide.

Clôturée fin 2010, la prime à la casse a coûté environ 1 milliard d'euros sur deux ans. En 2009, le gouvernement a également accordé 7,8 milliards d'euros d'aides pour les deux constructeurs français, dont 6 milliards de prêts à taux préférentiel. "Mais si vous avez un contexte de chute de la demande d'automobiles, a conclu Arnaud Montebourg, il est extrêmement difficile pour un Etat d'aller contre le vent négatif du marché."

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