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Festival d’Avignon 2022 : "Sans Tambour" de Samuel Achache, un spectacle qui casse la baraque littéralement !

Au Cloître des Carmes, Robert Schumann, le porte-étendard du romantisme allemand, convoqué dans un ovni scénique qui interroge de manière burlesque la notion d’effondrement. 

Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Sans tambour" de Samuel Achache" (RAYNAUD DE LAGE)

Sur la scène du cloître des Carmes, une drôle de maison, de celle qu’on bricole au fil des années, un chantier permanent. Côté jardin, assis sur un banc, un petit ensemble de musiciens en tenue de concert (parmi eux un accordéoniste) jouent sous la direction d’un chef d’orchestre, sans baguette, qui fait tourner un 45 tours sur un Teppaz imaginaire. Bienvenue dans le monde poétique et burlesque de Samuel Achache.

Pour Sans tambour, à l'affiche du Festival d'Avignon, le comédien-musicien a imaginé un spectacle à partir des lieder de Schumann, qui sont, pour lui, comme des fins d’histoires. Il a donc inventé ce qui a pu se produire avant, "en commençant, comme ces lieder, par la fin !".

  (RAYNAUD DE LAGE)

Des gags et Schumann

Cela donne un spectacle nourri de gags qui évoquent parfois Chaplin ou Buster Keaton, comme cette scène tordante où un personnage coincé dans un piano déambule sur scène.

Dans la cuisine en formica, une femme (Sarah Le Picard qui cosigne le spectacle), veut quitter son compagnon (Lionel Dray en jogging et gants Mapa) : elle lui reproche de ne pas ré-enchanter sa vie. Une scène de ménage monumentale, à faire littéralement trembler les murs. Quand surgit un poète portant le doux nom de Tristan, l’amoureux d’Iseult (désopilant Léo-Antonin Lutinier). Ce poète-musicien et le mari, autoproclamé "roi des ratés" qui s’est mis en tête de détruire le monde, se retrouvent à cohabiter dans une clinique du cœur.

On assiste à une invraisemblable entreprise de désintégration du décor au rythme des altercations entre les personnages. La maison s’écroule, comme le couple qui l’habite.

"Sans tambour" de Samuel Achache (RAYNAUDDELAGE)

Comique de situation

La musique, une partition contemporaine signée Florent Hubert entrelaçant les lieder de Schumann, ponctue ou accompagne cette improbable entreprise d’effondrement. Quand ce n’est pas la soprano Agathe Peyrat qui souligne, grâce aux textes des lieder, ce qui est en train de se dire.

"C’est par la musique que je fais du théâtre", résume Samuel Achache qui se consacre à la scène depuis Le Crocodile trompeur/ Didon et Enée co-écrit avec Jeanne Candel. Et c’est bien ici la musique qui crée l’alchimie d’un spectacle joliment foutraque.

"Sans tambour" de Samuel Achache (RAYNAUD DE LAGE)


Ce soir-là, le mistral à encore ajouté sa touche aux catastrophes en chaine mais rien n’a entamé la résistance et le sens du comique de situation de la troupe. A mes côtés, une spectatrice secouée de rire : "c’est ce qui nous arrive à tous !". Une autre plus nuancée évoque "des réminiscences du Quatuor, de Chaplin et de Leroy-Merlin !".    

"Sans tambour", mis en scène par Samuel Achache (RAYNAUD DE LAGE)

"Sans tambour", mise en scène de Samuel Achache, direction musicale Florent Hubert
Cloître des Carmes
7, 8, 9 , 11, 12, 13 juillet à 22h (durée 2h)
Festival d'Avignon

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