Incapable de finir ses tournées, un facteur isérois gardait plus de 13 000 lettres chez lui

Pendant un an, un facteur de la plateforme courrier colis de Bourgoin-Jallieu a gardé plus de 13 000 lettres dans son garage, qu’il devait distribuer dans le secteur de l'Isle-d'Abeau.
Article rédigé par franceinfo - Avec France Bleu Isère
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Illustration du logo de La Poste. (CHARLES BURY / MAXPPP)

Un facteur gardait chez lui 13 000 lettres car il n'arrivait pas à finir ses tournées, la Poste a porté plainte, et l’homme sera convoqué devant le tribunal en janvier prochain pour "abus de confiance", ont appris mardi 23 juillet France Bleu Isère et l’agence de Radio France auprès du parquet de Vienne, confirmant une information du Dauphiné Libéré.

"Les courriers non distribués ont été découverts au domicile du mis en cause à l’occasion d’une enquête judiciaire", précise Delphine Moncuit, vice-procureure de Vienne. Ce sont les gendarmes qui ont découvert la supercherie par hasard. La femme du facteur avait d’abord fait un signalement car elle s’inquiétait du katana que son mari détenait chez lui. Les gendarmes de l'Isle-d'Abeau perquisitionnent leur domicile, et découvrent le tas de courrier : 13 000 plis entreposés dans le garage.

Le facteur a expliqué aux enquêteurs qu’il ne parvenait pas à achever ses tournées. "L’intéressé a reconnu n’avoir pas distribué les lettres et les avoir stockées pour éviter des problèmes avec son employeur", poursuit le parquet. Alors qu'il était en apprentissage, il a préféré passer sous silence les difficultés qu'il rencontrait afin de décrocher un poste en CDI, qu’il a signé depuis.

Jusqu'à 45 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement

Le groupe La Poste a porté plainte, elle a suspendu le facteur de ses fonctions et va redistribuer le courrier avec un mot d’excuse. Le facteur "s’est vu remettre une convocation en justice du chef d’abus de confiance au préjudice de La Poste", précise le parquet. Il sera jugé en janvier 2025 devant le tribunal judiciaire de Vienne pour "abus de confiance", à une "audience de CRPC" (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité).

"Sans surprise, ce n’est pas la première fois qu’on s’aperçoit qu’il y a des facteurs, jeunes ou moins jeunes, qui craquent parce que les conditions de travail sont insupportables, sont très mal accompagnés, très mal formés quand ils arrivent à la Poste", déplore Olivier Peyroux, facteur et secrétaire syndical Sud PTT Isère-Savoie. "J’ai toujours eu quelques échos de courriers mis à l’abandon, jetés à la rivière, dans des poubelles, le long des tournées des facteurs", poursuit-il.

Selon le délégué syndical, ce sont les mauvaises conditions de travail qui ont poussé le facteur à cacher ces courriers : "Le métier devient de plus en plus compliqué, tous les deux ans on a des réorganisations qui augmentent la taille des trajets, de tournées, du nombre de colis, de lettres. C’est souvent surdimensionné par rapport à la vraie charge de travail. On s’attache à faire notre métier le mieux possible mais c’est les conditions d’organisation de travail qui pêchent et qui nous empêchent de la faire", conclut-il. Le facteur suspendu risque jusqu'à 45 000 euros d’amende et trois ans d’emprisonnement.

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