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Violences à Moirans : "Ils m'ont dit 'laisse nous faire' et m'ont tapé dessus", témoigne une victime

Fabien est le propriétaire de la casse auto dans laquelle une vingtaine de voitures ont été volées puis brûlées. Il a accepté de raconter les incidents survenus mardi.

Article rédigé par franceinfo - Etienne Prigent
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des voitures incendiées, près de la gare de Moirans (Isère), le 21 octobre 2015. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Il est le premier témoin des violences survenues à Moirans. Mardi 20 octobre, vers 14h30, Fabien*, 41 ans, propriétaire d'une casse auto située à l'entrée de la commune, observe un attroupement sur la route très fréquentée qui passe juste devant son entreprise. Une trentaine de personnes sont en train de mettre en place une barricade en plein milieu de la RD 1085. Des palettes, des pneus sont incendiés.

Parmi ces personnes, il est convaincu d'avoir vu des voisins… Ils ne portent pas de cagoules. Il s'agirait de gens du voyage qui occupent un terrain à 300 mètres de là : "On se dit bonjour, ils viennent chercher des pièces, aucun problème jusqu'à présent." Au bout de quelque temps, l'attroupement vient à manquer de pneus et lui en demande pour nourrir le feu. "Rapidement, je téléphone au maire qui me répond : 'Fais ce qu'ils te disent. La gendarmerie va intervenir.'"

Une vingtaine de véhicules volés et brûlés

Les choses se corsent quand des inconnus arrivent : "Une meute est arrivée, peut-être des quartiers environnants... Plus nombreux et pour une grande partie, ils étaient cagoulés. Sans arme visible. Autant au début, ils étaient calmes mais là, ça n'allait plus assez vite… Personne n'intervenait. Du coup, ils ont voulu prendre des véhicules, on aurait dit que ça devenait presque un jeu pour eux."

Au total, ils embarquent une vingtaine de véhicules dans la casse de Fabien. Des épaves mais aussi quatre véhicules appartenant à l'entreprise. "Ils ont d'abord poussé celle de ma femme, celle d'un client et d'un employé. Avant de voler le chariot élévateur", se souvient-il. Le professionnel a bien cherché à s'interposer : "Ils m'ont dit 'laisse nous faire' et m'ont tapé dessus, deux coups de poing au visage."

Enfermés dans un bureau pendant trois heures

Fabien, son épouse et son employé se réfugient alors dans un bureau. Là, ils téléphonent aux gendarmes. "Ma femme a appelé 5 à 6 fois", assure Fabien. "Ils ont répondu 'Oui, oui, on s'en occupe'. Ils avaient l'air débordés et attendaient sans doute une réponse de plus haut pour intervenir." Au bout de trois heures d'attente, et un dernier appel, "ma femme était en pleurs, ils lui ont raccroché au nez", affirme-t-il. "Pendant ce temps, les mecs faisaient des allers et retours avec le chariot élévateur entre le carrefour et la gare [5 voitures ont également été projetées sur les voies SNCF]. Sur le conseil du maire, qui a très bien géré, on a fini par sortir et quitter les lieux." 

"Ils ont fait ce qu'ils voulaient"

Fabien envisage de porter plainte contre l'Etat : "Ils ont laissé faire. Ce que je reproche, c'est qu'ils ne soient pas intervenu plus vite. C'est pas normal qu'ils aient pu se promener toute l'après-midi avec un chariot élévateur, ils ont fait ce qu'ils voulaient... Ma femme est choquée."

Manuel Valls devrait se rendre à Moirans, vendredi dans la matinée, selon Le Dauphiné Libéré. Le Premier ministre devrait être accompagné de Christiane Taubira, ministre de la Justice, et d’André Vallini, secrétaire d’Etat à la réforme territoriale.

* Le prénom a été changé

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