Cet article date de plus de quatorze ans.

Ces militants ont été condamnés pour avoir comparé la politique d'expulsions à celle du gouvernement de Vichy

La justice a infligé aux cinq adhérents du Réseau éducation sans frontières (RESF) des amendes de 1000 euros pour des courriels adressés au préfet des Pyrénées-Atlantiques.Ils dénonçaient dans ces mails la situation d'une famille albanaise placée en centre de rétention en juillet 2008 avec deux enfants de 5 et 7 ans.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Participants, le 22 novembre 2009 à Paris, à une réunion organisée à l'initiative de RESF (AFP/MEHDI FEDOUACH)

La justice a infligé aux cinq adhérents du Réseau éducation sans frontières (RESF) des amendes de 1000 euros pour des courriels adressés au préfet des Pyrénées-Atlantiques.

Ils dénonçaient dans ces mails la situation d'une famille albanaise placée en centre de rétention en juillet 2008 avec deux enfants de 5 et 7 ans.

Après avoir reçu ces courriers comparant la politique d'expulsions qu'il pratiquait à celle de la France sous Pétain, le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Philippe Rey, avait déposé plainte le 1er août 2008 pour outrage à représentant de l'État. "Toute liberté à ses limites, y compris la liberté d'expression", avait estimé le procureur de Pau , Erick Maurel, dans son réquisitoire prononcé le 10 juin dernier à Pau .

"Là, on est dans l'abus du droit à l'expression. L'ensemble des termes utilisés renvoie expressément à la période de Vichy", avait-t-il dit, énumérant les termes employés dans les courriels: "rafle", "étoile jaune", "Papon", "wagons vers l'Allemagne" ou "nazis".

"Le préfet a voulu s'en prendre à RESF", avait plaidé Me Dominique Noguères, estimant que "s'indigner (était) un devoir citoyen". Me Maripierre Massou dit Labaquère, autre avocate de la défense, avait dénoncé "un délit d'opinion politisée", jugeant "hallucinant de ne pouvoir faire référence à une partie de l'Histoire".

Les cinq militants, tous des hommes âgés de 45 à 68 ans, ont été en outre condamnés à verser solidairement un euro symbolique à "la personne" de Philippe Rey, préfet des Pyrénées-Atlantiques - c'est-à-dire non pas au titre de ses fonctions. Un sixième prévenu, une femme poursuivie dans le cadre de la même affaire, a été relaxée par le tribunal.

RESF dénonce l'utilisation du délit d'outrage et estime que les enfants n'ont pas leur place dans un centre d'enfermement
"Comme les 6 de Pau nous estimons que les enfants n'ont pas leur place dans un centre d'enfermement et nous approuvons leur démarche. Nous nous inquiétons de voir qu'une référence à l'histoire pour apprécier une politique puisse être assimilée à un outrage à haut fonctionnaire alors qu'il s'agit d'une démarche intellectuelle qui procède de la liberté d'expression, droit inscrit dans notre Constitution et fondamental dans toute démocratie. Nous protestons contre l'utilisation faite ici du délit d'outrage pour tenter de limiter la portée de ce droit, dont nous revendiquons l'usage plein et entier." écrit Réseau éducation sans frontières ( RESF) sur son site internet.

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