Cet article date de plus de cinq ans.

"S'il vient pour ouvrir un dialogue, il est le bienvenu", déclare Jean-Guy Talamoni avant l'arrivée en Corse d'Edouard Philippe

Jean-Guy Talamoni, le président de l'Assemblée de Corse, veut parler avec le Premier ministre "de la langue corse, du foncier, de fiscalité, de développement économique et de la situation des prisonniers politiques".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Jean-Guy Talamoni, à franceinfo, le 22 janvier 2018. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

"Nous abordons cette visite sans a priori, si le Premier ministre vient pour ouvrir un dialogue que nous appelons de nos vœux depuis fort longtemps, il est le bienvenu", a expliqué mercredi 3 juillet sur franceinfo le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, alors qu'Edouard Philippe est en visite sur l'île pour deux jours.

franceinfo : Le Premier ministre est-il le bienvenu en Corse ?

Jean-Guy Talamoni : S'il vient effectivement pour ouvrir un dialogue que nous appelons de nos vœux depuis fort longtemps, bien entendu, il est le bienvenu. Maintenant, s'il vient pour répéter inlassablement les mêmes choses et ne pas prendre en compte le vote des Corses, en décembre 2017 [les élections territoriales, gagnées par la liste nationaliste corse Pè a Corsica], un vote à la majorité absolue, je crois que ce sera à ce moment-là une nouvelle visite pour rien. En ce qui nous concerne, nous abordons cette visite sans a priori. À partir du moment où il y a la possibilité de parler, nous allons remettre sur la table des discussions le projet pour lequel nous avons été mandatés par les Corses à 56% du suffrage exprimé, ce qui n'est pas négligeable.

Nous allons tout simplement demander au Premier ministre de prendre en compte ce fait démocratique, difficilement contournable à notre avis. Nous avons un projet global qui comporte un volet institutionnel, ce qu'on appelle un peu partout en Europe, l'autonomie, ce qui est le droit commun des îles d'Europe et de Méditerranée. Nous allons lui parler de la question de la langue corse, du foncier, de fiscalité, de développement économique et de la situation des prisonniers politiques, ce pourquoi nous sommes mandatés.

Quand vous parlez de prisonniers politiques, vous parlez du commando qui a assassiné le préfet Erignac ?

Je crois que de vouloir mettre inlassablement sur la table cette affaire qui a maintenant plusieurs dizaines d'années, je pense que ça n'est pas positif pour les rapports entre la Corse et la France. Les gouvernements qui étaient beaucoup plus proches dans le temps de l'affaire Erignac ne l'ont pas fait. Lorsque Lionel Jospin, quelques mois plus tard, discutait, ouvrait le processus de Matignon, lorsque Nicolas Sarkozy discutait avec les représentants de la Corse, c'était à une époque où effectivement cet événement était proche et la chose était beaucoup plus sensible. Vouloir aujourd'hui mettre cet événement grave, dramatique, devant les Corses pour leur dire "vous n'avez pas suffisamment expié", 20 ans après, ça n'est pas raisonnable.

Qui sont les détenus que vous qualifiez de politiques ?

Aujourd'hui, tous les prisonniers qui sont en prison pour des raisons de nature politique, pour tout ce qui est en lien avec la situation politique de la Corse. Nous voulons ouvrir des discussions comme cela a été fait par le passé. Encore une fois, Lionel Jospin et Nicolas Sarkozy, qui n'était pas spécialement un ami de la Corse, ont pris en compte le fait qu'il y avait une situation politique à régler. Aujourd'hui, le président Macron et son gouvernement ont une situation dont auraient rêvé les gouvernements successifs depuis 40 ans et qui ont tous été empoisonnés par ce qu'on appelle le "problème corse".

Aujourd'hui, tous les voyants sont au vert. Depuis 2014, il n'y a plus eu une seule action de la part du FLNC qui a décidé sa sortie de la clandestinité, c'est dire que l'apaisement est total de ce point de vue-là. Il y a une majorité stable en responsabilité en Corse, une majorité absolue. Il y a à la fois des interlocuteurs, une situation apaisée, et nous pensons que c'est irresponsable de ne pas en profiter. Nous pensons que la raison va triompher et qu'un dialogue va s'établir entre la Corse et Paris. C'est en tout cas ce que nous souhaitons.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.