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Des élus de gauche ont accusé mercredi la police d'avoir fabriqué des preuves dans l'enquête sur les sabotages de TGV

Lors d'une conférence de presse mercredi à l'Assemblée, ils ont notamment mis en cause un témoignage "sous X" à charge, qu'ils soupçonnent d'avoir été fabriqué.Mardi, la police a arrêté à Tarnac un homme, compagnon d'une des femmes mises en examen et suspecté d'être un "proche du groupe de Tarnac" auquel appartenait Julien Coupat.
Article rédigé par France2.fr
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André Vallini, l'un des parlementaires à l'origine des accusations contre la police (France 3)

Lors d'une conférence de presse mercredi à l'Assemblée, ils ont notamment mis en cause un témoignage "sous X" à charge, qu'ils soupçonnent d'avoir été fabriqué.

Mardi, la police a arrêté à Tarnac un homme, compagnon d'une des femmes mises en examen et suspecté d'être un "proche du groupe de Tarnac" auquel appartenait Julien Coupat.

"Le gouvernement n'échappera pas à une demande de commission d'enquête parlementaire de la gauche sur ce dossier, qui ressemble de plus en plus à une affaire d'Etat", a résumé le député socialiste André Vallini.

Noël Mamère, député des Verts, a interpellé le gouvernement, tout comme l'ancien premier secrétaire du PS François Hollande, qui a invité la ministre de la Justice et ancienne ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie à "dire tout ce qu'elle sait".

"On est au-delà de la déloyauté, on est dans le soupçon de la falsification, de la fabrication de preuves", a renchéri pour sa part Me William Bourdon, un des avocats.

Un autre grief de la défense concerne le procès-verbal de filature établi par la police le soir des sabotages et qui semble démontrer la présence près d'une ligne du TGV sabotée, en rase campagne et en pleine nuit, de Julien Coupat, supposé chef du groupe, et de son amie Yldune Lévy. L'avocat Jérémy Assous a relevé une incohérence dans le "timing" mentionné par les policiers, qui rend impossible un des déplacements relatés. Il estime que les policiers n'ont pas réalisé cette filature. "Ils n'y étaient pas et ils ont inventé", a-t-il dit lors de la conférence de presse.

Un peu plus tard, le socialiste Jean-Christophe Cambadélis s'est demandé si Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur lors de l'enquête sur l'affaire Tarnac, pouvait rester garde des Sceaux "si les falsifications sont avérées". "A l'époque des faits, Mme Alliot-Marie était ministre de l'Intérieur, aujourd'hui elle est garde des Sceaux (...) Peut-elle trancher contre les enquêteurs, ce qui la mettrait en cause ? Peut-elle dans ces conditions rester ?"

Une arrestation mardi à Tarnac
Le nouveau suspect, interpellé mardi par la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la direction centrale de la PJ, ferait partie du "premier cercle" gravitant autour de Julien Coupat, étudiant mis en examen pour des actes présumés de terrorisme. Conjoint d'une femme déjà mise en examen, il est notamment soupçonné d'avoir falsifié des cartes d'identité mais "pas soupçonné d'être complice des sabotages".

Sa garde à vue a été prolongée mercredi soir de 48 heures, a-t-on appris jeudi de sources proches du dossier.

Rappel de l'affaire
La justice enquête depuis le 11 novembre 2008 sur des sabotages de lignes TGV attribués à un groupe de jeunes pour la plupart basés à Tarnac, en Corrèze, et réunis autour de Julien Coupat. Quelque 20 personnes avaient été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur les sabotages, dont 11 rapidement libérées. Les 9 autres, âgés de moins de 35 ans, dont trois femmes et le leader présumé du groupe, Julien Coupat, ont été mises en examen, et 5 écrouées. Elles ont été libérées les unes après les autres, au bout de quelques semaines de détention. Julien Coupat a lui aussi été remis en liberté sous contrôle judiciaire au printemps.

Sur l'ordinateur d'une des personnes mises en cause, la police a trouvé un manuel de fabrication de bombes artisanales.

Julien Coupat est présenté par l'accusation comme le chef d'un mouvement d'"ultragauche" auquel sont imputés les sabotages commis par le placement de fers à béton sur des caténaires dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, ainsi que le 26 octobre 2008. Tous les suspects nient les faits et déclarent que la procédure a été orchestrée par le gouvernement pour illustrer la théorie d'une menace terroriste de gauche.

Les avocats de personnes en cause contestent depuis le début de l'enquête la qualification "terroriste" des actes et dénoncent une opération politique visant des jeunes gens soupçonnés par les enquêteurs d'appartenir à la mouvance "anarcho-autonome".

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