Deux députés UMP ont déposé jeudi une proposition de loi visant à faire de l'autisme une grande cause nationale en 2011

Cela permettrait, selon le texte de la proposition, présentée par Daniel Fasquelle (Pas-de-Calais) et Jean-François Chossy (Loire), d'"améliorer son dépistage précoce, développer l'accompagnement des enfants autistes et favoriser leur intégration et leur maintien en milieu scolaire ordinaire".

Dépisté trop tard chez les enfants
Dans l'exposé des motifs, les députés rappellent que le dépistage n'intervient en moyenne qu'à l'âge de 6 ans, alors que le diagnostic est possible à partir de 2 ans.

Ils soulignent aussi qu'il y a "pénurie de structures" offrant à l'enfant "un accompagnement éducatif permettant de stabiliser leur handicap, de les intégrer et de les maintenir en milieu scolaire ordinaire". "La lutte pour une meilleure identification de l'autisme est une priorité", affirment les députés.

Faute de formation, les médecins français connaissent mal les signes cliniques de l'autisme et ont du mal à le dépister. Ce problème de dépistage précoce provoque un retard de prise en charge qui est très dommageable pour l'avenir des enfants souffrant de cette pathologie.

A l'occasion de la journée mondiale de l'autisme, Autisme France et Autistes sans frontières ont lancé une campagne en faveur d'un dépistage précoce de l'autisme.

L'autisme est une "pathologie du développement du système nerveux central", un trouble sévère qui apparaît avant l'âge de 3 ans, a rappelé devant la presse Nadia Chabane, pédopsychiatre à l'hôpital Robert-Debré.

Cette pathologie, dont le diagnostic se fait sur l'observation du comportement, se caractérise par une perturbation des interactions sociales (indifférence aux personnes, refus de l'étreinte...), des troubles de la communication et des comportements répétitifs (balancements, actes routiniers...). "Ma fille ne dit aucun mot, ne communique même pas par mimiques ou par gestes. Elle ne joue pas mais passe son temps à faire tourner les roues de son carrosse", raconte la mère d'une fillette de 2 ans et demi.

Un enfant sur 150 est sujet à des troubles
Selon la Haute autorité de santé, un enfant sur 150 souffre de "troubles du spectre de l'autisme" qui prennent des formes diverses -autisme, mais aussi syndrome d'Asperger, syndrome de Rett.... Pourtant, la formation des médecins généralistes et des pédiatres à ce type de pathologie n'est que de 2h dans leur cursus. D'où la difficulté à repérer les signes.

Près de 30% des médecins pensent que les autistes sont des malades mentaux, psychotiques ou schizophrènes. Seulement 30% savent qu'il s'agit d'un trouble neurologique. Les médecins citent comme symptômes les difficultés à communiquer -30% d'entre eux seulement parlent des troubles du comportement ou de l'isolement social.

D'où souvent un dépistage trop tardif, alors qu'on peut établir un diagnostic à partir de 2 ans. "Ne vous inquiétez pas, elle va parler", dit le pédiatre à un père qui constate que sa fille ne dit rien. Certains parents, note Vincent Gerhards, président d'Autistes sans frontières, sont "dans le déni".

Or, une fois le diagnostic posé, on peut trouver des prises en charge adaptées, souligne la psychologue Séverine Leduc. Et vu la plasticité cérébrale du jeune enfant, "plus on intervient précocement, plus on a de chances de le rééduquer de façon adéquate". Selon elle, "73% des enfants pris en charge assez tôt parviennent à un langage fonctionnel à l'âge de 5 ans".

A noter que la secrétaire d'Etat à la Famille, Nadine Morano, a refusé de soutenir cette campagne, jugée trop "anxiogène".

Infos utiles
Le site de la campagne de dépistage
Tél: 04 92 99 28 07