Dix élus ont déposé plainte pour violences aggravées après une intervention musclée de gendarmes à Anduze (Gard)
L'intervention a eu lieu fin janvier.
Il s'agit d'une plainte "avec citation directe contre le commandant" de gendarmerie.
Une vidéo amateur, diffusée sur internet, montre notamment ce dernier aspergeant de gaz lacrymogènes des protestataires, apparemment pacifiques, parmi lesquelles des personnes âgées et des élus.
Par la suite, la manifestation, qui remonte au 21 janvier, avait dégénéré. Sur la vidéo, on voit des coups de matraques portés par d'autres gendarmes. Le maire d'Anduze, Bonifacio Iglesias, a dénoncé une vidéo "parcellaire".
Les manifestants bloquaient en gare d'Anduze un train touristique régional, le "train des Cévennes", pour protester contre une réorganisation locale de communes. Le rassemblement a également été marqué par des dégradations sur le convoi ferroviaire.
"Il faut dénoncer ça à travers une plainte. Cela me semble indispensable, ne serait-ce que pour que cela ne se reproduise pas à l'avenir, on ne peut pas laisser des comportements de ce genre sans réaction", a déclaré le président de la communauté de communes, Alain Beaud, qui participait à la manifestation.
Plusieurs dizaines de manifestants étaient installés sur les voies en gare d'Anduze pour protester contre la tentative de rattachement de leur communauté de communes à la communauté d'agglomération voisine, celle d'Alès. Parmi eux: le président socialiste de celle d'Anduze, Alain Beaud.
Dans le train se trouvaient notamment le député-maire UMP d'Alès, Max Roustan, le sous-préfet d'Alès et le maire d'Anduze, Bonifacio Iglesias.
L'inspection générale de la gendarmerie nationale avait été saisie par le parquet d'Alès pour tenter de faire la lumière sur ces incidents. Une enquête administrative interne a également été ouverte par la direction de la gendarmerie.
"Je me suis fait gazer à bout portant", raconte une habitante d'Anduze, Mireille Pantel, âgée de 64 ans. "J'ai été aspergée de gaz, dans les yeux, et une de mes joues a été brûlée", affirme-t-elle. "J'ai perdu connaissance, j'ai même pas vu partir le train. Je suis rentrée chez moi, ça brûlait, c'était atroce", poursuit-elle. Elle a dû se rendre chez le médecin, puis à l'hôpital d'Alès, car son oeil "était tout collé". "J'avais une grosse infection", dit-elle. Elle a porté plainte pour coups et blessures contre l'officier de gendarmerie, issu de la compagnie d'Alès, selon elle.
Vidéo de la manifestation et de l'intervention des gendarmes
Des élus disent avoir été visés par les gaz et ont décidé de porter plainte. Les gendarmes sont intervenus "sans sommation", alors qu'il était convenu que le blocage du train ne durerait que quelques minutes, affirme Alain Beaud. Le gradé de la gendarmerie "a-t-il agi de lui-même" ou "a-t-il reçu des consignes"?, s'interroge-t-il.
Bonifacio Iglesias met en garde contre une vidéo qu'il juge "orientée". "Il y a d'autres images en amont, qui montrent que la gendarmerie a été agressée physiquement par des manifestants", affirme-t-il. "Il y a des images, je les ai vues", poursuit-il. Les gendarmes "ont été agressés, il y avait un commandant qui a pris ses responsabilités", plaide-t-il, alors qu'"il s'agissait de rétablir l'ordre". "Quand le commandant a demandé d'évacuer la voie, il n'a pas été obéi", affirme-t-il. Selon lui, les manifestants "ont été dépassés par une poignée d'agitateurs".
De source proche de la direction générale de la Gendarmerie nationale, on assure que la "manifestation n'était pas aussi pacifiste qu'on veut bien le dire ou le montrer".
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