Fillette découverte dans un coffre : cinq questions autour "d'un spectacle horrifiant"
Un couple de Corréziens a été mis en examen après la découverte d'un bébé dans le coffre de leur voiture
C'est un cas qui "défie l'imagination", selon la justice. Un couple de Corréziens a été mis en examen, dimanche 27 octobre, pour privation de soins et d'aliments par ascendant au point de compromettre l'état de santé, violences volontaires habituelles sur mineur de 15 ans et dissimulation ayant entraîné atteinte à l'état-civil d'un enfant. Cette décision intervient deux jours après la découverte de leur bébé dans un coffre de voiture. Francetv info fait le point sur ce que l'on sait de cette affaire.
Comment a été découverte la fillette ?
Ce sont les employés d'un garage automobile de Terrasson-Lavilledieu (Dordogne), à 10 km du village de Brignac-la-Plaine (Corrèze) où vit la mère, qui ont donné l'alerte vendredi après-midi. "Je rentrais le véhicule dans l'atelier, explique à RTL le garagiste, j'entendais des bruits de grattement à l'arrière, dans le coffre". Il a alors "demandé à la cliente s'il s'agissait d'un chien, d'un chat ou un autre animal". Mais celle-ci lui a répondu "qu'un des jouets des enfants a dû se déclencher". Ils ont alors découvert le bébé au milieu de sacs-poubelle.
"Vu l'horreur et l'odeur du véhicule, nous avons immédiatement prévenu la gendarmerie", explique ce témoin d'une scène qu'il qualifie de "surréaliste". La mère était "stoïque", dit-il. "Pour elle, c'était limite normal, elle ne semblait pas gênée" et "fumait sa cigarette tranquillement", raconte-t-il. Trois jours après, le garagiste dit avoir "encore du mal à dormir". "C'est un spectacle horrifiant, voir une petite dans ses excréments, ne pas pouvoir tenir sa tête, blanche comme du plâtre et avec les yeux qui tournaient à l'envers, c'est impressionnant."
Quel est son état de santé ?
Selon les déclarations des pompiers, cités dans La Montagne, la fillette serait morte si elle avait été découverte ne serait-ce que quinze minutes plus tard. Quand les employés du garage ont ouvert le coffre, elle était déshydratée, sale et avait l'air fiévreuse. La petite fille n'a en revanche pas subi de sévices physiques, selon les premières investigations, mais le parquet indique qu'elle souffre de carences de soins.
Elle "a été dissimulée, a priori depuis sa naissance et, plus grave, elle présente des retards importants", a précisé le procureur de Brive, Jean-Pierre Laffite. Sa taille, son poids et ses capacités ne sont pas compatibles avec son âge, estimé à 15 ou 23 mois, a-t-il déclaré. Il a notamment souligné que le bébé ne parlait pas.
Qui connaissait son existence ?
Selon les derniers éléments de l'enquête, la petite fille aurait été dissimulée de tous. D'après Sud Ouest et La Montagne, celle qui se présente comme sa mère aurait ainsi déclaré aux enquêteurs avoir caché son existence à son mari et à ses trois autres enfants. Les tests ADN démontrent que l'homme et la femme mis en cause sont bien les parents biologiques de la fillette.
Les voisins de la famille, habitant dans le village de Brignac-la-Plaine, ont raconté à Sud Ouest n'avoir jamais vu le bébé. "Ce sont des gens comme tout le monde, éduqués, pas plus sales que vous et moi", a expliqué l'un d'entre eux. "Chez eux, (…) je n'ai jamais trouvé la trace d'un bébé. (…) On pense tous, leur famille avec, qu'ils ont trois enfants et non quatre. " "La voiture était sur le bord de la route, couverte avec des cartons et des couvertures. Tout naturellement, je pensais que c'était pour protéger" le véhicule, raconte à RTL Marcelle, une voisine du couple.
Combien de temps a-t-elle passé dans ce coffre ?
C'est la question principale que se pose aujourd'hui les enquêteurs. Ils veulent comprendre comment l'existence de ce bébé a pu être dissimulé. "C'est impossible que l'enfant ait séjourné un an dans la voiture", affirme Alain, voisin du couple et parrain d'un des enfants. Il assure n'avoir "jamais vu de manège" particulier autour du véhicule, que seule la mère conduisait, le père n'ayant pas le permis.
Par contre, il relève que jusqu'à il y a trois semaines, et la mise au chômage du père, celui-ci, maçon, "était toute la journée au travail, de tôt le matin à tard le soir, et les gamins à l'école", un contexte plus propice à une dissimulation.
Que risquent les parents ?
La femme de 45 ans et son compagnon de 40 ans ont été présentés à un juge d'instruction de Brive et laissés en liberté sous strict contrôle judiciaire. Ils encourent une peine de prison maximale de dix ans.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.