EXCLUSIF : Trois policiers d'Issy-les-Moulineaux cités à comparaître pour violences volontaires
Ils sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Nanterre après une interpellation musclée en juin 2012.
"La justice se précipite rarement pour juger les policiers", confiait Isabelle Denise, responsable juridique à la Ligue des droits de l'homme, à francetv info. Pourtant, trois policiers du commissariat d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) sont cités directement à comparaître, mardi 18 juin, devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour violences volontaires, avec, pour deux d'entre eux, usage d'une arme. Une décision de la procureure adjointe Marie-Christine Daubigney, qu'une source a pu confirmer à francetv info. Les agents encourent jusqu’à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
Les faits remontent au 2 juin 2012. Vers 1h30 du matin, un accident entre un scooter poursuivi par la police et un autre véhicule se produit près du parc Rodin d’Issy-les-Moulineaux. Quatre témoins d’une vingtaine d’années s’approchent lors de l'interpellation, immédiatement repoussés par les policiers. "Sans geste de provocation de sa part, monsieur X reçoit deux coups de matraque télescopique et un policier de sexe féminin faisait usage de gaz lacrymogène à l'encontre du groupe de jeunes gens", note le rapport d’enquête de la police des polices après la plainte des témoins, et que francetv info a pu consulter. Le jeune homme reçoit un coup de poing qui le fait tomber au sol tandis qu’un autre "revient à la charge en effectuant une prise de judo sur Ie plaignant", précise encore le document.
Immédiatement, les quatre jeunes gens font constater les violences par un médecin, se voient prescrire de une à six journées d’incapacité totale de travail (ITT) et portent plainte. De leur côté, les agents nient les violences qui leur sont reprochées. Toutefois, l’un explique avoir été "saisi par un individu" et raconte avoir "effectué un balayage des jambes pour s'en défaire" avant de poser un genou sur son torse pour le calmer. Si un membre de la brigade affirme, au cours de l’enquête, n’avoir vu "aucune matraque télescopique", un autre reconnaît avoir sorti la sienne, mais sans frapper quiconque, uniquement afin d’effectuer "les gestes réglementaires pour faire reculer" les individus qu’il qualifie "d’agressifs". Il admet au passage que sa matraque n’est pas celle fournie par le commissariat mais une "similaire, acquise à titre privé". Tous admettent l’usage de gaz lacrymogènes à deux reprises.
Le défenseur des droits a également été saisi et devrait auditionner toutes les parties en juillet prochain.
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