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Guillaume Pépy a présenté au nom de la SNCF ses "excuses pour" le "très mauvais voyage" Strasbourg-Port-Bou

Les 600 passagers du train de nuit partis dimanche soir de Strasbourg ont mis plus de 24h à arriver à Port-Bou ou Nice."La série d'incidents que vous avez subie n'est pas admissible", écrit le patron de la SNCF dans une lettre aux passagers.
Article rédigé par France2.fr
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Des trains en gare, de nuit (AFP/JOEL SAGET)

Les 600 passagers du train de nuit partis dimanche soir de Strasbourg ont mis plus de 24h à arriver à Port-Bou ou Nice.

"La série d'incidents que vous avez subie n'est pas admissible", écrit le patron de la SNCF dans une lettre aux passagers.

"Cette succession d'incidents est, évidemment, tout à fait exceptionnelle. Elle ne peut être acceptée. Je sais que l'assistance et l'information ont été, pendant ce trop long voyage, partielles. Il a manqué un certain nombre de plateaux repas et les informations successives auraient dû être meilleures", a reconnu le patron de la SNCF.

"Je veillerai personnellement à ce que l'enquête ordonnée ait les suites nécessaires", a souligné Guillaume Pepy, invitant les passagers à contacter directement par courriel le directeur des grandes lignes "pour traiter les situations particulières".

Détaillant tous les malheurs survenus à ce train, du départ retardé de Strasbourg à "l'évacuation de quelques voyageurs alcoolisés", M. Pepy s'attarde dans sa lettre sur le "changement de conducteur (qui) devait être assuré" à Belfort, et ne l'a pas été.

"La 'planification' du conducteur de relève a été, par une erreur grave, annulée. Les conditions météorologiques ont rendu la recherche d'un conducteur disponible puis son acheminement en taxi depuis Lyon extraordinairement longs. L'enquête ordonnée dira, d'ici lundi 3 janvier, si une autre solution existait", relève Guillaume Pepy. Présentant au nom de la SNCF ses "excuses pour ce très mauvais voyage", M. Pepy a rappelé que l'entreprise allait rembourser leur billet et offrir un aller-retour aux quelque 600 passagers du train.

Un voyage qui a duré plus de 24 heures
Parti de Strasbourg dimanche à 21h30, le train de nuit 4295 devait initialement se scinder en deux et arriver à Port-Bou et à Nice lundi à 08h30.

Il s'est une première fois arrêté à Belfort pour changer de conducteur pour raison de sécurité, celui-ci ayant travaillé trois jours. Mais il n'y avait pas de remplaçant sur place et "on a alors fait venir un conducteur de train depuis Lyon qui est arrivé vers 6H", a précisé la SNCF à l'AFP.

Les passagers ont passé la nuit dans leur couchette ou sur les sièges inclinables, dans des wagons chauffés.

Certains voyageurs ont également vécu une scène de mauvais western lorsque "deux ou trois passagers qui avaient bu ont été descendus du train par la police de Belfort, parce qu'ils importunaient leur entourage".

Trois heures en gare de Tournus
Le train a été ensuite immobilisé plus de trois heures en gare de Tournus (Saône-et-Loire), pour un changement de motrice, a affirmé Ralph Lidy, un passager joint à 16H15. "On a eu juste droit à un ticket pour un chocolat chaud et j'ai vu deux voitures de la gendarmerie stationnées à proximité", a-t-il précisé.

Puis le train est arrivé vers 18H à la gare Perrache de Lyon, où des plateaux-repas ont été servis. C'est là que 240 passagers ont été transférés dans un TGV spécialement affrété à destination de Port-Bou. La SNCF n'était pas en mesure de préciser le nombre exact de passagers parvenus à Perpignan, certains voyageurs ayant pu descendre dans les gares précédentes.

"Personne de la SNCF pour dire ce qui se passait"
Environ 360 voyageurs pour Nice sont restés dans le train Corail qui était sur le quai mitoyen. "C'est la première fois que ça arrive, moi qui ai l'habitude de prendre ce train. Le plus déconcertant, c'est qu'on a rencontré personne de la SNCF à bord pour nous dire ce qui se passait", a déploré Anaïs Guthleben sur le quai à Lyon.

"On est très remontés. Il y a une avocate à bord et on est 300 à 400 voyageurs prêts à lui remettre nos mails et nos numéros de téléphone pour constituer un comité et porter plainte contre la SNCF", a déclaré pour sa part Franck Asparte, la quarantaine, artiste lyrique.

Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie et des Transports, a estimé sur RTL que "les passagers ont été accompagnés par la SNCF (...) qui a fait un geste commercial". "C'était bien la moindre des choses", a-t-elle dit. "Evidemment, ça fait un retard qui, comme cela, paraît hallucinant", a-t-elle ajouté.

La SNCF offre...un aller-retour gratuit supplémentaire
La SNCF s'est engagée à indemniser les voyageurs du train de nuit et à offrir "un aller/retour gratuit supplémentaire à chacun des voyageurs". Selon la direction de la SNCF, le train a connu "une succession exceptionnelle d'incidents".

Le syndicat SUD-Rail a mis en cause la politique de la direction de la SNCF, estimant que ces défaillances mettaient en évidence des "économies sur la maintenance du matériel roulant" et "le manque de personnel" résultant de "suppressions d'emplois". "On a du changer de conducteur pendant le voyage puisque le cheminot avait travaillé trois jours", a-t-il souligné.

Un passager met en cause l'"hallucinante incompétence de gestion humaine" de la SNCF

"Il y a une incompétence de gestion humaine de la SNCF qui est hallucinante, "a déclaré à l'AFP Ralph Lidy, acupuncteur-chiropracteur, joint au téléphone à son arrivée à Antibes.

M. Lidy devait, en principe partir, dimanche à 21H30 de Mulhouse mais son train, en provenance de Strasbourg, est finalement parti à 23H00, pour une raison inconnue, avant de se retrouver bloqué à Belfort "parce qu'il n'y avait pas de conducteur", raconte M. Lidy.

"On a alors dormi dans les wagons, sans avoir reçu aucune information. On repart le lendemain à 07H30 après qu'ils aient fait venir un conducteur de Lyon. Puis on se retrouve coincés deux heures à Montbéliard derrière une locomotive en panne. Ils nous disent: 'on est coincé, on attend'", poursuit-il.

Les passagers se retrouvent de nouveau bloqués à Tournus en début d'après-midi. "On avait fait 300 km en 17 heures. Là, la mayonnaise a commencé à monter. Les gens ont commencé à s'échauffer, d'autant qu'ils ne nous disaient toujours rien".

En milieu de journée, un plateau repas, avec une bouteille d'eau, a été servi aux passagers: "il y avait 300 plateaux repas pour 600 passagers", affirme-t-il. De toute façon, "c'était froid et immangeable". "Les toilettes, d'une saleté repoussante, étaient inutilisables. C'est inadmissible", s'insurge M. Lidy, qui était accompagné de sa femme et de deux enfants, âgés de 8 et 11 ans.

Ce passager est finalement arrivé peu après minuit à Antibes, d'où il espérait pouvoir se rendre à l'aéroport de Nice, où il avait laissé sa voiture: "ils nous avaient dit dans le train qu'il y aurait un transfert par taxi jusqu'à l'aéroport mais il n'y a aucun taxi à la gare".

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